En effet, après un silence prolongé, l'association des handicapés de la daïra d'Iferhounène, qui se dénomme Tafat (La lumière), plongée dans le noir et l'oubli depuis longtemps, décide enfin de refaire surface pour porter la voix des sans-voix, des regards obturés, des ouïes éteintes et des membres morts ; cela était et reste sa vocation. Mais qui l'écoute et qui l'entend? L'administration est-elle à la hauteur de ces «sans-papiers» d'un autre genre? Après avoir été mis à la rue et ne possédant pas de siège de rechange, le président de cette association décide de prendre à sa charge un local de location ! «Un local de 3 m2 qui me coûte 2500 DA le mois, une charge de plus pour un père de famille qui nourrit 8 enfants», dit-il. Le bureau se situe au 1er étage dans un immeuble au centre d'Iferhounène et certains adhérents, handicapés moteurs, n'arrivent pas à le rejoindre. Les témoignages de ces laissés-pour-compte font apparaître une discrimination flagrante envers cette frange livrée à elle-même. L'association Tafat de la daïra d'Iferhounène compte plus de 600 handicapés toutes catégories confondues. Cette structure roule avec les moyens du bord. Aucune subvention ne lui a été accordée pour promouvoir ses activités, tout ce qui peut améliorer leur existence, leur redonner espoir. Leur lutte semble vaine. Pourtant ce n'est pas de leur faute. L'handicap est une réalité sociale que l'on ne peut enrayer par l'ignorance ou l'oubli. «Il faut que l'on se souvienne de nous, il faut que l'on nous entende, il faut que l'on nous donne une chance… Là est notre message», déplore un adhérent d'un geste fataliste. Tous les efforts fournis n'ont jamais abouti, faute de suivi des services de l'Etat chargés de l'aide sociale. Ils appellent les autorités à les voir comme des humains, peut-être plus humains car souffrant plus que d'autres, tout en rappelant les difficultés où se débat leur association. En dehors d'un soutien psychologique, celle-ci ne peut rien apporter de concret pour ses adhérents. L'association des handicapés de la daïra d'Iferhounène souhaite en effet relancer ses activités pour un peu de droits, un brin de justice, des soins appropriés, un travail possible, un soupçon de considération. Si ces handicapés qui ont réussi à mettre en place une structure associative n'arrivent pas à se faire entendre, qu'en est-il des autres, de tous ceux qui restent épars et que l'on voit rarement ou pas du tout ? Les pouvoirs publics en particulier ont une responsabilité et une mission envers cette catégorie de déshérités.