Transformer une ville en ruines et prétendre sans scrupules que c'est la faute du Hezbollah , qui se cacherait derrière un bouclier humain pour tirer des roquettes relève du sadisme le plus cruel. Ce, alors que les images qui nous parvenaient montraient des corps d'enfants, de femmes, de jeunes et de vieux, tirés sous les décombres, des ponts, des routes, des bâtiments, des maisons… détruits et aucune trace de roquettes ou d'engins militaires du Hezbollah ! Même le nazisme n'y avait pas cédé. Pas même dans ses campagnes de communication. Le mensonge des armes de destruction massive de Saddam se répétait avec les mêmes acteurs derrière le rideau : G.W. Bush et son acolyte, Tony Blair!. L'Amérique de l'administration Bush, qui dégustait les joies de son pouvoir d'humiliation des organisations internationales, tout juste sorties des années de misère et de destruction de l'humanité par elle-même dans des guerres aussi cruelles que stupides —l'ONU et le Conseil de sécurité — détruit ce qui ne lui plaît pas pour y mettre ce qu'elle désire. Elle obtient le désastre. Israël n'a-t-il construit d'Etat que pour servir d'instrument violent capable d'appliquer sans état d'âme la politique de brutalité de l'administration américaine au Moyen-Orient ? Une certaine judaïté doit-elle faire oublier l'humanité ? Est-ce vraiment cela le problème ? Les intérêts de cette administration sont donc de se débarrasser de l'ONU qu'elle veut remplacer par l'OTAN et de maintenir coûte que coûte la suprématie militaire d'Israël dans cette région stratégique en matière d'énergie. Ainsi, il ne peut être question qu'une autre partie, l'Iran, la Syrie ou naguère l'Irak et, à un degré moindre, la Turquie, qui, elle, est «encadrée» par l'UE, construise une force de dissuasion nucléaire ou conventionnelle même défensive. Israël doit être, tel est le désir des USA, pour emprunter au registre de la psychanalyse, le seul mâle viril dans un monde arabe et persan émasculé. Les ressources énergétiques que recèle la région doivent lui être bien gardées, et il faut pour cela ce qu'il faut. C'est ce que nous enseigne l'éthique du protestantisme, décrite avec brio par Max Weber. Quand Israël bouge, c'est que les USA l'ont aiguillonné ; ou pour le dire autrement, le chien ce sont les USA, et Israël n'en est que la queue ; le chien peut remuer sa queue, mais la queue ne peut remuer le chien, comme le disait déjà dans les années 1970 une caricature russe. Au terme de chaque massacre de Palestiniens, femmes, hommes et enfants, Condi Rice passe pour soutenir et chloroformer l'opinion internationale et arabe. Le Salon du livre de Paris, entièrement dédié au soixantième anniversaire de la naissance d'Israël, est aussi celui de la disparition de l'Etat palestinien. C'est une astuce comme une autre pour semer la confusion et faire accepter l'inacceptable. Epiloguer sur la pleutrerie des régimes arabes et islamiques, c'est perdre son temps, car ceux-ci n'ont jamais représenté leur peuple. Ils parviennent à persister dans l'être aux commandes de ces pseudo-Etats (Etates, dirions-nous pour rester dans l'émasculation), car c'est aussi la volonté de leurs maîtres qui n'ont aucun intérêt à l'émergence de régimes démocratiques arabes. Car c'est plus simple de justifier à l'égard des opinions publiques occidentales de s'en aller donner des «coups de pied au cul» (c'est l'expression d'un membre de l'administration Bush: «Kick some asses») de régimes arabes et islamiques réputés illégitimes quand, selon eux, il le faut. Cela fait aussi l'affaire de ces régimes qui savent que tant qu'ils obéiront à leur maître, ils pourront continuer à jouir et à réprimer en toute quiétude. C'est là leur force et c'est là leur faiblesse, car illégitime à l'égard de leur peuple, ils pourront quand les usa n'ont auront plus besoin, être envoyés à la potence comme Sadam Hussein, avec la bénédiction de leur peuple. Les organisations islamistes à l'idéologie totalitaire et archaïque sont les seules permises dans ces pays, car elles donnent à ces régimes autant qu'aux USA, par leur nature même et par leurs actes, l'alibi et même la légitimité de donner ces fameux coups de pied… avec l'appui des démocrates !!! Le terrorisme islamiste est régulé, maintenu dans certaines limites tolérables (la politique du containement), l'essentiel est qu'il ne vienne pas menacer la survie de l'ordre établi et continue à égorger des démocrates et des opposants politiques sérieux. Serait-il alors bizarre que les syndicats autonomes, la presse (une pensée à mes amis que je ne connais pas personnellement : Belhouchet, Chawki Amari et tous les autres), comme les intellectuels critiques, ne soient pas libres dans un contexte d'économie libérale et où seul le discours islamiste a bonne presse ? Il ne reste ainsi aux populations qu'à faire des émeutes sans lendemain ou de se résigner sur une posture mentale qui fait partie de leur habitus et ressassée par l'idéologie conservatrice et islamiste : el amri li llah. Aujourd'hui, nous assistons ébahis à la dérive de l'humanité, à de véritables actes génocidaires presque gratuits contre les Palestiniens, au motif que des activistes du Hamas (éternels serveurs d'alibis à l'usage inconsidéré de la force et justificateurs incorrigibles de l'intervention US) ont tiré des roquettes (en fait rikikettes) pour «bombarder» Israël. Résultat : un blessé du côté israélien, bien cadré et mis en relief par les médias du monde entier, et, 200 cents du côté palestinien, rapidement passé dans ces mêmes télés ! – Que peuvent faire les régimes arabes et leur «ligue des Etats arabes» face à la bestialité d'Israël contre les Palestiniens ? – Beaucoup. – Que feront-ils ? – Rien. La solution est certainement de se moderniser et de travailler avec les véritables termes de l'équation difficile : compter sur soi, engager un effort intellectuel et politique, faire le deuil de l'appui des régimes dictatoriaux arabes et islamiques qui sont, contrairement à ce qu'on pense, appuyés sur les islamistes, et ensuite seulement tenter d'amener les Occidentaux à soutenir l'effort engagé. S'appliquer à faire émerger une véritable société de citoyens et rassembler tout ce qui y concoure dans un grand partenariat. Les opinions occidentales pourraient alors entrer dans la scène aux côtés de ce nouvel interlocuteur fréquentable que sont les forces démocratiques et modernistes.