Ce cessez-le-feu entre Isra�l et le Liban, qui fait suite � la r�solution 1701 des Nations unies, devait entrer en vigueur lundi 14 ao�t 2006. Ce cessez-le-feu propos� par les USA et la France et accept� par Isra�l (l�agresseur) a �t� impos� par la farouche r�sistance des combattants du Hezbollah, qu�Isra�l pensait liquider rapidement. Un sondage d�opinion r�alis� ce lundi en Isra�l montre que 58% des Isra�liens pensent que leur gouvernement n�a pas atteint ses objectifs. Cette guerre d�agression men�e par Isra�l contre le Liban aura fait 1 100 morts libanais dont 1 000 civils au moins et 58 combattants du Hezbollah et quelque 1 million de d�plac�s. Les pertes financi�res ont �t� estim�es � 2,5 milliards de dollars. Du c�t� isra�lien, 136 morts dont 100 militaires et 1,6 milliard de dollars de pertes (notons ici qu�Isra�l a tu� des civils, le Hezboallah des militaires !) Le cessez-le-feu obtenu cette semaine r�gle-t-il quelques aspects du conflit du Moyen-Orient ? Assur�ment non ! D�tails. Version officielle : Isra�l aurait attaqu� le Liban parce que les combattants du Hezbollah ont captur� un caporal isra�lien. On peut s�arr�ter l� et conclure que l�Alg�rie a �t� colonis�e parce que le Dey a donn� un coup d��ventail, etc. 2 / Mais nous savons que cette guerre d�agression men�e par Isra�l contre le Liban n�est pas la premi�re. Rappelons seulement celle de 1982 qui fut particuli�rement meurtri�re. Pourquoi ces agressions r�p�t�es ? Les analystes libanais sont nombreux � rappeler qu�Isra�l n�accepte pas l�existence, � ses fronti�res, d�un Etat multiconfessionnel o� fonctionne une d�mocratie consensuelle. Un tel Etat d�range et, par son exemple, peut donner des id�es aux �lecteurs isra�liens dirig�s par un syst�me politique monolithique, sous l�emprise d�un parti politique � fondement religieux. De plus, l�Etat libanais multiconfessionnel et d�mocratique ne d�range-t-il pas aussi les tenants de la guerre des civilisations ? Casser cet Etat est alors pour le pouvoir isra�lien (mais aussi pour Bush) un objectif strat�gique. Rappelons-nous la derni�re d�claration de Jacques Chirac : �... Tout porte � croire que l�on cherche � casser le Liban !� Mais plus d�rangeant encore, et au plan s�curitaire Isra�l se sent fragilis� par un Etat-tampon o�, apr�s les Palestiniens qui ont fini par �tre chass�s de ce territoire, les chiites sont repr�sent�s au pouvoir et o� la Syrie et l�Iran ont une influence importante. Enfin, et c�est l� l��l�ment le plus important, ces calculs isra�liens rejoignent tout � fait la strat�gie am�ricaine de red�coupage du Moyen-Orient mise en ouvre d�j� par l�effroyable agression qui a �t� men�e par les USA (et la Grande-Bretagne) contre l�Irak). Cette guerre ill�gale contre le Liban est une guerre d�agression men�e contre les populations civiles d�un petit pays. Mais au-del� du Liban, l�ensemble des analystes sont d�accord pour souligner que cette guerre met en jeu d��normes int�r�ts g�ostrat�giques, d�une part, �conomiques, d�autre part. La r�gion du Moyen-Orient est en effet strat�gique pour les USA pour au moins trois raisons : 1 / Cette r�gion est le th��tre du conflit isra�lopalestinien et nous savons le poids du lobby juif aux USA. 2 / Cette r�gion reste pour les USA une zone pourvoyeuse de �terroristes islamistes int�gristes�. En fait, de r�sistants patriotes qui refusent le diktat am�ricain qui ont jur� de d�stabiliser profond�ment la soci�t� am�ricaine et de cr�er de fortes nuisances � l�administration et aux int�r�ts am�ricains. 3) Cette r�gion constitue le r�servoir de p�trole le plus important au monde pour les ann�es � venir. Et nous savons que l�odeur du p�trole attire les Am�ricains. I - La g�ostrat�gie La �solution� au conflit isra�lo-palestinien ne peut �tre, aux yeux d�Isra�l et des USA qu�une paxamericana, c�est-�-dire une paix con�ue et mise en �uvre selon les int�r�ts am�ricains. Sans Isra�l une solution qui �rassure n�est applicable que si tout risque et toute menace sur la s�curit� sont �limin�s. Or, apr�s l�Irak, c�est bien le Hezbollah libanais qui constitue la menace principale m�me si sa force de frappe et ses capacit�s de d�fense sont limit�es. Pour Isra�l et les Am�ricains �nettoyer� le Liban du Hezbollah v�ritable t�te de pont du r�gime syrien et surtout iranien est un objectif strat�gique. La destruction du Hezbollah et de l�Irak ba�thiste mettront au pas les pays de �l�axe du mal� soit par effet de d�monstration (il vous arrivera ce qui est arriv� � l�Irak et au Liban), soit par l�agression militaire directe que les USA n�ont jamais exclue. Nous connaissons les attaques verbales r�p�t�es des USA contre l�Irak et son programme nucl�aire, et nous savons que la Syrie fait l�objet de lourdes menaces de la part de Bush lui-m�me. La Syrie doit �tre affaiblie jusqu�� ne plus pouvoir arrimer ni � soutenir le Hezbollah � c�est � cette seule condition que la pax americana pr�vue pour r�gler le probl�me isra�lo- palestinien sera possible. La voie sera alors libre pour mettre en application la fameuse �feuille de route� que Bush a pr�vue pour le r�glement de la question palestinienne. Avec la Syrie, l�Iran demeure aussi une menace s�rieuse et plus difficile � g�rer maintenant que les USA sont embourb�s en Irak. Il faut souligner que pour la premi�re fois, un arc chiite est en train de se construire sous l�influence de l�Iran qui regroupe, Iran-Irak, pouvoir alaouite syrien (o� pourtant il n�y a que 11% de chiites), Hezbollah libanais et il faut y ajouter les chiites d�Arabie saoudite (15% de la population) et 70% aux Emirats arabes unis. Les Am�ricains consid�rent aujourd�hui que le maillon faible de �l�axe du mal� est constitu� par le Hezbollah libanais. Ils savent qu�ils peuvent compter dans leur actuelle guerre d�agression sur la complicit� des r�gimes arabes sunnites d�Arabie saoudite, Kowe�t, Qatar et Egypte tr�s inquiets d�une puissance nucl�aire chiite iranienne. La guerre actuelle men�e par Isra�l contre le Liban r�v�le chaque jour la complicit� des r�gimes arabes de la r�gion. II - Le �terrorisme� La deuxi�me raison qui fait du Moyen-Orient un zone strat�gique pour les USA est que cette r�gion est, selon bien s�r les analyses am�ricaines, une zone pourvoyeuse de terroristes pour les r�seaux islamistes int�gristes. Le pr�sident Bush d�veloppe alors sa th�orie du Grand Moyen-Orient (GMO) dans laquelle il estime que le terrorisme est g�n�r� par la pauvret� des populations de ces pays et l�absence de dialogue voulue par les r�gimes autoritaires. Les classes dirigeantes sont souvent corrompues, dilapident les richesses nationales et refusent de les redistribuer �quitablement. Le projet am�ricain pr�conise alors apr�s avoir soutenu les r�gimes arabes autoritaires au nom de la stabilit� politique, des r�formes qui assurent l��mergence de l��conomie de march� et de la d�mocratie qui vont constituer le v�ritable rempart contre le terrorisme. D�mocratie et �conomie de march� permettent de traiter le terrorisme et la violence � l�amont, c�est-�-dire � leur point de d�part. Il faut remplacer la violence des groupes radicaux des pays islamistes par le dialogue social et la coop�ration entre Etats. Il faut d�autre part d�mocratiser les syst�mes en place d�abord pour l�organisation d��lections libres et transparentes. Et c�est le pr�sident y�m�nite, Ali Abdallah Salah, qui ironisait : �Il faut que nous nous coupions les cheveux avant que les Am�ricains ne nous rasent la t�te.� Ce projet am�ricain du Grand-Moyen- Orient est encore remis � l�ordre du jour par la secr�taire d�Etat Condoleezza Ryce, lors de ses r�cents voyages dans la r�gion. A ce projet am�ricain les dirigeants arabes de la r�gion et � leur t�te l�Egyptien Hosni Moubarak, qui s�est fait leur porte-parole, expriment deux inqui�tudes : 1 / Les r�formes �conomiques qui sont demand�es et qui visent � instaurer une �conomie de march�, lib�rale, ouverte et concurrentielle, auront des cons�quences sociales d�sastreuses et amorceront une bombe qui fera des ravages. 2 / La d�mocratie dans ces pays, coupl�e � la mis�re sociale constitue la voie royale ouverte � la prise de pouvoir par les islamistes. Alors qui des Etats Unis ou des r�gimes arabes aura le dernier mot ? D�mocratie et �conomie de march� solutions qui permettent de traiter le terrorisme et la violence comme le disent les Am�ricains ou au contraire, d�mocratie et �conomie de march�, ne sont que les deux bombes qui feront exploser les r�gimes en place comme le craignent les dirigeants arabes de la r�gion ? III - L��conomie La troisi�me raison strat�gique qui explique aussi, pour sa part, l�agression isra�loam�ricaine dans la r�gion est d�ordre �conomique. L�Irak est un tr�s grand pays p�trolier et ses r�serves sont les plus importantes au monde apr�s celles de l�Arabie saoudite (115 milliards de barils et 265 milliards de barils respectivement). Avoir des options s�res et des garanties sur ces r�serves r�glera pour plusieurs ann�es le probl�me de l�approvisionnement �nerg�tique des USA. Cette mainmise sur les r�serves p�troli�res de l�Irak passe par l�installation dans ce pays d�un r�gime ami et par la neutralisation de l�Iran et ses intentions nucl�aires. Il faut aussi noter que le contr�le am�ricain sur les r�serves p�troli�res du Moyen-Orient, m�me s�il n�est pas total, permettra aux USA de contr�ler aussi les approvisionnements �nerg�tiques de la Chine et de l�Inde, puissances nucl�aires et grands pays fortement d�pendant de l�ext�rieur pour leur consommation �nerg�tique.