Installé mercredi soir, à l'issue de la réunion entre le chef du gouvernement et les délégués des archs, le mécanisme conjoint de mise en œuvre de la plate-forme d'El Kseur entamera ses travaux aujourd'hui dans l'après-midi. Ce mécanisme, qui vient en application de l'accord global signé entre les deux parties le 15 janvier, est composé de sept représentants et de deux rapporteurs des archs et d'un nombre équivalent de cadres de l'Etat. Une structure permanente, devant dans un premier temps se réunir tous les jours, établira un calendrier des négociations. Premier point à l'ordre du jour du mécanisme conjoint lors de la réunion d'aujourd'hui : la définition du statut des martyrs et des blessés du printemps noir avec tout ce que cette question comporte comme indemnités financières. Les archs proposent pour les victimes décédées et les blessés le statut de « martyrs pour la citoyenneté et la démocratie ». Selon leur porte-parole, Belaïd Abrika, qui a rendu hier visite à notre rédaction en compagnie d'autres membres de la délégation, les représentants du mouvement citoyen se présenteront aux discussions avec un document de mise en œuvre reflétant leur position sur chaque point de la plate-forme d'El Kseur.« Le gouvernement s'est engagé à satisfaire la plate-forme d'El Kseur. On verra avec quel mécanisme il compte procéder », a indiqué M. Abrika. Après le statut des martyrs, les archs souhaitent soulever la question, lors des négociations, du jugement des auteurs et commanditaires des assassinats en Kabylie par des juridictions civiles. « C'est une décision politique. Il s'agit juste d'accélérer la procédure », a souligné M. Abrika. A la question de savoir si le mouvement citoyen acceptait un traitement de cette question dans le cadre de l'amnistie que compte mettre en œuvre l'Etat, M. Abrika a répondu : « On est contre l'impunité. S'il y a une mesure d'amnistie, il faudra qu'il y ait d'abord un jugement. On discutera de cette question en temps opportun. » La question de la liberté de la presse devrait également être au menu des discussions entre les deux parties, lesquelles ont convenu, dès qu'il y a accord sur une revendication, de la mettre immédiatement en application. « Il y a des revendications dans la plate-forme qui ne peuvent être concrétisées dans l'immédiat, à cause de la charte pour la citoyenneté où des réformes touchant des secteurs aussi complexes que la justice et l'éducation peuvent prendre des années », selon notre interlocuteur. Le « comité conjoint » devra soumettre ses conclusions au « comité conjoint de suivi », deuxième structure installée mercredi dernier. Celle-ci est composée des dix-neuf délégués des archs, conduits par Belaïd Abrika, et de représentants de l'Etat, conduits par Ahmed Ouyahia. Le comité conjoint de suivi se réunira de manière ordinaire une fois tous les quinze jours et de manière extraordinaire à la demande de l'une des deux parties.