Le procès, dont le jugement final sera connu le 27 du mois en cours, a été marqué hier par un face-à-face plaignant – accusés, suivi du réquisitoire du procureur de la République. Ce dernier a requis une amende de 100 000 DA contre chacun des trois accusés. L'affaire au cœur de ce procès remonte à octobre 2006, lorsque le journal fait éclater au grand jour l'existence d'un grand réseau de trafic de drogue dans la région de l'Oranie dirigé par Ahmed Zendjabil. Le 18 octobre de cette année, Salima Tlemçani met en avant à travers une enquête menée à Oran l'implication de hautes personnalités, notamment militaires, en poste à Oran dans le réseau de trafic de drogue. Se sentant diffamé, le général Kamel Abderrahmane, ex-chef de la 2e région militaire, a fait publier sur le même journal une mise au point qui est parue dans son intégralité. Le même jour de sa parution, Kada Hezil, ex-directeur de l'action sociale à Oran, muni d'un dossier lourd de centaines de pages, accorde un entretien à la journaliste d'El Watan dans lequel le même général est accusé d'avoir démis de ses fonctions un officier de haut rang de la DCE chargé d'enquêter sur le trafic de drogue. Se constituant partie civile, le général dépose plainte contre le journal et Kada Hezil pour diffamation. Du procès en diffamation, l'assistance a eu droit hier à une véritable confrontation entre Kada Hezil et le général Abderrahmane. La parole a été donnée en premier à Kada Hezil qui a laissé l'assistance silencieuse face à des déclarations aussi fracassantes que lourdes de teneurs impliquant de hautes autorités dans ce trafic gangrenant la région ouest du pays. Il rappellera la lettre qu'il a adressée au président de la République en mars 2001 comportant les mêmes accusations à l'encontre de ces mêmes hautes dignités, et qui lui avait valu deux années de prison. Le général Abderrahmane qui s'est dit navré de poursuivre le journal s'est défendu d'avoir dépassé un jour ses attributions. Omar Belhouchet et Salima Tlemçani ont tous deux souligné le caractère dangereux de ce trafic et le devoir du journal de faire la lumière sur ces maux qui rongent la jeunesse algérienne. Alors que la partie plaignante a demandé un dédommagement au dinar symbolique, la défense a relevé l'absence de l'objet de diffamation dans le journal d'une part et la gravité des affirmations de Kada Hezil devant susciter l'ouverture d'enquêtes judiciaires et non des poursuites contre sa personne.