Elle est Algérienne, de Bouira. Il est Bulgare, de Bulgarie. Elle et lui se sont connus par hasard, comme dans la plupart des histoires d'amour. Elle et lui se sont aimés à la vitesse d'un retournement de veste dans le sérail, tout juste après s'être rencontrés dans un cybercafé d'Alger, lui tentant de trouver un sens à sa vie par internet, elle tentant de trouver une sortie à la sienne par la même voie. La relation s'est tout de suite développée sur ces deux thèmes et sur un consensus global ; lui aime elle, elle, aime bien les gâteaux. Lui, a connu l'Algérie pendant une mission sur un chantier de construction, elle, ne connaissant absolument rien de la Bulgarie et n'ayant pas forcément envie d'en connaître plus. Lui a besoin d'elle et elle a besoin de lui, et pourtant, ce n'est pas uniquement de l'intérêt et du calcul pour elle. Si lui est fou d'elle, de sa beauté juvénile, de son esprit drôle, de son corps de déesse des profondeurs et de son incroyable recul par rapport à la vie, elle a quand même beaucoup d'affection pour lui, avec sa fragilité relative, son ouverture d'esprit et son attention, sa peau translucide et ses problèmes affectifs. Car l'histoire aurait très bien pu ne pas marcher. Pendant qu'elle parlait de son père, il lui parlait de son travail. Pendant qu'il lui parlait du sens de l'univers, elle lui parlait de Bouteflika. Pendant qu'il lui parlait de sa patrie, elle lui parlait de sa cuisine. Pendant qu'il pensait à faire des enfants, elle pensait à refaire son passeport. Mais avec tout l'amour qu'elle avait à donner et avec tout le manque qu'il avait à combler, l'histoire a donné la plus belle histoire d'amour 2008, d'après l'ENTV qui a organisé le concours et qui a félicité le couple. Avec à la clé, une omra pour deux. Il y est allé tout seul. Elle a refusé. Jusqu'à présent, L'ENTV n'a toujours pas compris pourquoi.