L'instruction prise par le gouvernement à la mi-février dernier pour le payement des salaires impayés dus aux travailleurs depuis 2001 n'est pas encore suivie d'effet. C'est ce que constatent, du moins, les travailleurs de l'office des périmètres d'irrigation (OPI) de Béjaïa, sis à Amizour, sur la route d'El Kseur, dissous mais qui accumulent des arriérés de plus de 25 millions de dinars depuis fin 2001. Dissous par la force d'une délibération de l'APW datée du 10 novembre 1998, l'OPI de Béjaïa attend autant sa totale liquidation que les salaires impayés de ses travailleurs. Dans les démarches qu'il a entreprises pour débloquer la situation, M. Amara Chafaâ, son directeur par intérim de cet office, a appris au niveau de la direction générale du Trésor public (DGT) que la décision du gouvernement bute sur un problème d'application et celui des crédits nécessaires qui ne semblent pas avoir été débloqués. Deux données qui bloquent la procédure et mettent en veilleuse la prise en charge effective des arriérés salariaux des travailleurs. « Je me suis rendu la semaine dernière à la DGT et j'y ai appris que rien n'a été fait. On m'a expliqué que leurs services ne savent pas dans quel chapitre il va falloir imputer ses dépenses » nous dit M. Amara qui n'a eu comme seule satisfaction que celle d'avoir vérifié que l'instruction en question a bel et bien atterri à la direction générale du Trésor où elle semble attendre un texte d'application. « C'est facile pourtant de régler le problème, il suffit de le vouloir » ajoute-t-il, déçu. L'annonce de la régularisation des salaires impayés, de 2001 à 2008, a donné bien des espoirs aux quelque 189 000 travailleurs concernés. Un montant de près de 25 milliards de dinars a été avancé comme mobilisé pour cela. Cependant, la coïncidence de cette annonce avec la veille des dernières élections présidentielles a donné matière à beaucoup pour y voir des promesses électoralistes. « Il y a eu une décision similaire en 2005 et la régularisation des salaires impayés s'est faite normalement » se souvient Amara Chafaâ qui a pris l'intérim de l'OPI de Béjaïa d'octobre 2004 jusqu'à novembre 1998, date de la délibération de l'APW votant une dissolution qui reste problématique à ce jour et pour cause. L'arrêté que devait cosigner les deux ministères de l'Intérieur et des ressources en eau, et devant rendre effective cette dissolution et poursuivre la liquidation, n'est toujours pas pris. Et comme entres autres conséquences de cette absence l'abandon dans les hangars de l'OPI des biens d'une valeur de prés de quatre millions de dinars. L'arrêté interministériel attendu devait faire suite à l'approbation de la délibération de l'APW par les services de la wilaya. Seulement, cette approbation n'a été faite, nous apprend, non sans surprise, notre interlocuteur, que l'année dernière. Et à janvier 2008, les salaires impayés des 23 travailleurs, en fonction au moment de la cessation de l'activité de l'office, s'élevaient à plus de 20 millions de dinars. Ils ont continué à toucher leurs rémunérations jusqu'à novembre 2001. Après cette date-là, leurs salaires non versés sont actualisés chaque année en attendant la signature de l'arrêté interministériel. Ils dépassent aujourd'hui les 25 millions, pour le règlement desquels l'on s'attend à puiser dans la cagnotte promise par le gouvernement pour régulariser la situation des travailleurs impayés dans le pays depuis prés de sept ans.