“Toutes les variétés de culture ont donné de bons résultats malgré la pauvreté du sol. Cependant, la mésentente concernant le règlement de la facture électrique a été la pomme de discorde qui a livré le périmètre à l'abandon”. Ayant longtemps tété à la mamelle de l'assistanat qui a, selon les aveux des habitants même de Aïn Zeraguet, perverti les habitudes agricoles, les pseudo-agriculteurs ont carrément abandonné le périmètre irrigué de Dayet Zeraguet qui s'étend sur 2 800 ha après avoir fait “leur purée” en exploitant 2 581,49 ha. S'étant gavés des profits tirés de la production de la pomme de terre pendant près de dix ans, les bénéficiaires, par le truchement d'agricultures exploités, se sont éclipsés en laissant une ardoise lourde de dettes, dont plus de 2,8 milliards de centimes de consommation électrique dus à la Sonelgaz qui a coupé l'énergie en 1996. Initié dans le cadre du programme spécial pour une promotion des Hauts-Plateaux dans les régions steppiques de Aïn Sekhouna, rattachée en 1984 à la wilaya de Saïda et Oued Khrouf, dans la wilaya de Tiaret, le projet a coûté, à l'époque, 36 milliards de centimes dont 75% en devises où fut implanté alors le village socialiste agricole de Aïn Zeraguet pour fixer les gens de la terre. Dayet Zeraguet, dans la plaine de Chott Chergui, renferme une nappe phréatique dont le débit, à travers deux stations de pompage, est de l'ordre de 450l/s chacune, favorisant ainsi l'intensification agricole. L'opération de mise en valeur, à coups de grands investissements, a permis d'attirer une forte population nomade. Mais son échec a également induit une désaffection de la population et le périmètre est à l'arrêt depuis 1996 malgré le passage de plusieurs structures de gestion. En novembre 1982 fut instauré l'Office de l'aménagement et de la mise en valeur (OAMV) pour gérer 12 ha irrigués et répartis entre les 243 bénéficiaires en plus de 200 ha attribués aux fellahs de la ferme pilote. En février 1985, l'Office du périmètre irrigué (OPI) a distribué 889 ha entre 209 bénéficiaires. Actuellement, 58 fellahs détiennent 8,46 ha chacun et 448 autres ont 4,23 ha chacun, soit un total de 506 bénéficiaires qui n'exploitent plus les 2 381,49 ha attribués depuis la mise en exploitation de périmètres. “Toutes les variétés de culture ont donné de bons résultats malgré la pauvreté du sol. Cependant, la mésentente concernant le règlement de la facture électrique a été la pomme de discorde qui a livré le périmètre à l'abandon”, avouera un bénéficiaire. Les tentatives de la Chambre de l'agriculture, de l'UNPA et même des habitants sont restées vaines pour régler le problème de la Sonelgaz, qui est restée intransigeante. En 1997, l'ancien ministre de l'Agriculture avait sonné le glas de l'assistanat. “Depuis cette date, tous les ministres du secteur et les chefs de gouvernement successifs qui ont visité le périmètre se sont contentés de déplorer la situation”, souligne-t-on dans le secteur. La visite du Chef du gouvernement et de neuf ministres de son cabinet au périmètre de Zeraguet avait pourtant donné espoir aux fellahs qui espéraient la réhabilitation du périmètre, un vecteur pour l'essor économique de la wilaya de Saïda. Le rapport final, présenté en juin 2002, préconisait la réhabilitation du périmètre qui coûtera 16 millions de centimes à l'hectare, ou le renouvellement des canalisations pour leur pose apparente à raison de 18,5 millions de centimes à l'hectare, ou encore la révision du schéma de distribution, évalué à 37 milliards de centimes, selon les bureaux d'études consultés. Pris en charge par le ministère des Ressources en eau, le dossier fut longtemps étudié en collaboration avec le ministère de l'Agriculture, en attendant son application. Dans cet ordre d'idées, des responsables locaux ont récemment effectué un déplacement à Alger pour discuter des variantes à retenir. “Notre choix s'est porté sur la troisième solution qui consiste en la révision du schéma de distribution à partir de réservoirs de 50 000 m3 qui alimenteront des bassins construits par les concessionnaires des 2 300 ha mis à leur disposition, et les 201 propriétaires qui exploitent les 500 ha restants seront regroupés dans une même superficie”, indique à ce sujet le wali. Dans ce contexte, la wilaya a pris en charge le règlement de 55 mois de salaires impayés aux 37 travailleurs de l'OPI. D. E. H. B.