Confirmant et appuyant la requête du procureur, le juge a condamné chacun des accusés, en l'occurrence Omar Belhouchet, directeur d'El Watan, et la journaliste Salima Tlemçani ainsi que Kada Hezil à verser une amende de 100 000 DA chacun. Au lendemain de la célébration de la Journée internationale de la liberté de la presse, le journal revient ainsi à sa quotidienneté marquée par un lot de procès et de condamnations reflétant la réalité des difficultés que rencontre la profession journalistique en Algérie. «En vérité, on s'attendait à cette décision, car la relaxe pour Belhouchet, Tlemçani et Kada Hezil aurait signifié que les faits de trafic de drogue sont réels, ce qui impliquera nécessairement les responsabilités à tous les niveaux de la hiérarchie de l'Etat. C'est cette implication en fait qu'on a voulu éviter par ce verdict», estime Me Khaled Bourayou. Il est à rappeler que le procès intenté par le général Kamel Abderrahmane est intervenu après la publication par El Watan en octobre 2006 d'une enquête sur le trafic de drogue dans la région d'Oran, dévoilant une connexion entre les trafiquants, agissant sous le parrainage d'Ahmed Zendjabil, et de hauts dignitaires, notamment du corps militaire en poste dans cette région. Le général Kamel Abderrahmane, qui assurait la haute fonction de chef de la 2e région militaire, utilise son droit de mise au point dans le journal qui est publiée le même jour de la parution d'un entretien accordé à la journaliste Salima Tlemçani par Kada Hezil, ex-directeur de l'action sociale à Oran et dans lequel il accuse ce haut fonctionnaire de l'armée d'avoir démis de ses fonctions un officier de la DCE chargé d'enquêter sur le trafic de drogue. Le général dépose alors plainte contre à la fois le journal et Kada Hezil. Ce dernier, lors de l'ouverture du procès, le 13 avril dernier, a dénoncé l'implication des hautes autorités dans le trafic de drogue «au lieu d'être condamné, Kada Hezil aurait mérité des félicitations», indique Me Bourayou et d'ajouter : «Nous allons faire deux appels contre ce verdict, le premier à la cour et le second à l'histoire, chose que refuse la logique du système.»