L'affaire de la petite Sophie est devenue un véritable imbroglio judiciaire. Faut-il l'appeler Safia ou Sophie, ou bien Scharbook ou Yousfi, cette enfant de huit ans ne sait toujours pas ce qu'il adviendra de son sort tant que la justice n'a pas encore dit son dernier mot. Fatma-Zohra Benbraham, avocate de la famille Belhoucine, qui a organisé hier une conférence de presse au centre de presse d'El Moudjahid, a annoncé avoir introduit un recours auprès de la Cour européenne de justice afin d'imposer à Jacques Scharbook de se soumettre au test ADN pour prouver si oui ou non il est le véritable père de Sophie. « C'est au demandeur d'apporter la preuve », dit-elle, avant d'enchaîner : « Il a peur du test, car il ne s'agit pas du véritable père. Pourquoi Mohamed Yousfi se propose volontiers de subir le test ? C'est parce que lui il n'a pas menti. » L'avocate commente la lettre datée du 22 novembre 2007 de l'ex-ambassadeur de France en Algérie, Bernard Bajolet, qui a répondu à la demande de la grand-mère maternelle de Sophie, consistant à faire subir un test à Scharbook et qui a réclamé l'application de la décision de la Cour suprême. Elle souligne qu'« il n'appartient pas à cet ambassadeur d'ordonner ce type de mesures qui, d'ailleurs, n'aurait pour seul but que de faire obstacle à l'exécution de décisions de justice définitives ». Maître Benbraham estime qu'il s'agit là « de la preuve que les résultats du test risquent de ne pas être en faveur de Scharbook ». Ceci et de souligner en guise de réponse au consul général de France, Francis Heude : « L'arrêt de la Cour suprême ne concerne que le droit de garde et n'a pas affirmé la paternité ou la filiation. » L'avocate précise encore que la petite fille est de nationalité algérienne, puisque, dit-elle, « les modifications opérées sur le code de nationalité autorise la mère à donner sa nationalité à l'enfant, et ce par effet rétroactif ». Maître Benbraham note encore : « Si Sarkozy va chercher les enfants français là où ils sont, eh bien moi aussi j'irais chercher les enfants algériens là où ils se trouvent. » Et d'ajouter : « Laissons la justice faire son travail, que les Etats s'occupent de leurs affaires et à la justice d'être rendue. » « J'ai de la peine pour M. Sarkozy qui a fait confiance à Scharbook », lance l'avocate de la famille Belhoucine. Revenant sur les détails de l'affaire, maître Benbraham estime que la déclaration de mariage par la fatiha de Scharbook avec la défunte Farah (mère de Sophie), est nulle et non avenue, car n'ayant aucune force de loi. Selon elle, « jusqu'au mois de mai 2001, Farah était mariée à Mohamed Yousfi, alors que Scharbook dit l'avoir épousée au mois de mars. Le consul général de France en apporte d'ailleurs la preuve. Il ne délivre le visa à Farah que le 9 mai 2001 et dans sa lettre, il ne souligne aucunement que Farah est l'épouse de Sharbook », dit-elle en présentant les documents en question. L'avocate évoque, par ailleurs, « un SOS lancé par Farah cinq jours avant sa mort à l'adresse du président de la République et dans lequel elle dénonce la brutalité de son mari Jacques Scharbook et qui menaçait de la tuer ». « Le jour de sa mort, elle l'avait fui », ajout-elle en notant que la défunte avait contesté l'inscription de Sophie au nom de Scharbook le jour de sa naissance. L'avocate précise, par ailleurs, que « le premier mari, Mohamed Yousfi, a actionné deux affaires en justice, l'une pour valider son mariage par la fatiha avec Farah et le second pour demander la filiation ». « Il faut savoir que si le mariage est validé, la filiation suit automatiquement selon la loi coranique », a indiqué Me Benbraham.