Ce qui est aujourd'hui communément appelé l'affaire Sophie Scharbook est sorti du cadre strictement juridique et commence à prendre l'allure d'une affaire d'Etat. Le président français, lui-même, est dit « impliqué » dans ce dossier et le Quai d'Orsay intervient pour réclamer le retour de la petite fille à Jacques Scharbook. Comment expliquez-vous la tournure prise par cette affaire ? Depuis quatre ans, notre position n'a pas varié. Elle consiste, depuis la rétention de Sophie par sa famille maternelle, à demander l'exécution des décisions de justice confiant la garde de Sophie à son père. Le conseiller de Nicolas Sarkozy, Abderrahmane Dahmane, qui a été repris par la presse française, a déclaré que Sophie est l'otage d'intérêts de clans rivaux algériens ? Pensez-vous que la paternité d'une petite fille puisse prendre un tel niveau d'enjeu ? Il ne m'appartient pas de commenter de telles déclarations. Avez-vous demandé à voir la petite Sophie ? Et si vous l'avez vue, où et comment se trouve-t-elle ? Nous avons été informés, verbalement, du fait que l'enfant Sophie Scharbook a été retrouvée le 15 mars 2009 à Oran par les services de police, qu'elle était en bonne santé et confiée à une structure appropriée. A ce jour, ni son père, Jacques Scharbook, ni aucun agent consulaire n'ont été autorisés à rencontrer Sophie. De nombreux articles relatant les derniers développements de l'affaire Sophie Scharbook se sont fait l'écho de contrevérités tendant à occulter la réalité juridique du dossier. Il est apparu opportun, compte tenu du drame vécu par cette enfant et en accord avec son père, d'apporter à vos lecteurs des éléments avérés L'affaire semble se trouver devant une impasse, du moment que la famille algérienne de Sophie renvoie la paternité de la petite à Yousfi Mohamed en se basant sur des tests ADN et des empreintes digitales. A l'heure où Jacques Scharbook brandit des actes d'état civil et des décisions de justice pour revendiquer sa paternité. Pourquoi M. Scharbook ne se soumet-il pas à des tests ADN ? Croyez-vous qu'il puisse exister une solution pouvant arranger les deux parties en conflit ? Un test ADN a été réalisé le 17 mars 2009 par le laboratoire central de police scientifique d'Alger à la demande de la sûreté de wilaya d'Oran. Il s'agissait d'identifier formellement Sophie, qui venait d'être retrouvée, en rapprochant les résultats obtenus de ceux issus d'un test réalisé le 4 janvier 2006. La comparaison de ces résultats ainsi que les empreintes digitales ont permis d'établir que l'enfant retrouvée par les services de police était bien Sophie Scharbook. Cette expertise n'avait donc nullement pour objet l'établissement de la filiation de l'enfant. Je vous rappelle d'ailleurs que la question de la paternité de M. Scharbook a été définitivement tranchée le 13 février 2008 par la Cour suprême en confirmant les décisions du tribunal près de la cour d'Oran. J'ajoute qu'au regard du droit, Sophie n'a que la nationalité française. En effet, jusqu'en 2005, une mère algérienne ne pouvait pas transmettre sa nationalité à ses enfants. Les rebondissements dans cette affaire semblent toujours intervenir lors des visites présidentielles, que ce soit celle du président Sarkozy à Alger ou bien celle prévue prochainement à Paris du président Bouteflika ? Comment expliquez-vous ce timing ? Et pensez-vous que ce « coup de froid » risque de peser sur les relations bilatérales entre les deux pays ? Les rebondissements évoqués résultent davantage des médias que du déroulement de cette affaire. Et c'est bien l'accumulation de contrevérités et les conclusions qu'en tirent certains qui nous ont conduits à rappeler les éléments essentiels de cette douloureuse situation dans laquelle un père n'a pas vu sa petite fille depuis quatre ans.