La bataille autour de la petite Safia continue entre la famille de sa mère biologique et son père français. «Le droit n'est pas la politique. On se bat juridiquement et la vérité sera connue un jour.» C'est en ces termes que s'est exprimée maître Fatma Zohra Benbraham, avocate de la famille Belhocine, répondant à certaines parties françaises qui veulent politiser l'affaire Safia ou Sophie. Me Benbraham a relevé les défaillances dans la loi française, lors d'une conférence de presse animée hier au Forum du quotidien El Moudjahid, précédée d'un documentaire de la chaîne Al Arabia. Né du mariage d'un Français âgé de 56 ans, Jacques Scharbook à Farah Bennekrouf, une Algérienne rencontrée en France, l'affaire, devenue un feuilleton opposant les juristes algériens à leurs homologues français, n'a pas livré tous ses secrets. Au contraire, l'affaire risque de se compliquer. Alors que tout le monde pensait que l'affaire allait connaître son épilogue après la décision de la Cour suprême de restituer l'enfant à son père, l'avocate revient avec de nouveaux éléments infirmant toute filiation entre M.Scharbook et la petite Safia. «Jacques Scharbook n'est pas le père de Safia», affirme-t-elle. Claire et précise, elle souligne que le refus de Bernard Bajolet d'accéder à la demande de la famille Bennekrouf - demandant des tests ADN à M.Scharbook - a «pour seul but de faire obstacle à l'exécution de décisions de justice définitives». Et de souligner: «Même s'ils savent que Sophie n'est pas sa fille, les Français prêtent main forte à Jacques Scharbook au détriment de la vérité...» Elle hausse le ton et souligne que les arguments avancés par M.Scharbook ne tiennent en aucun cas la route. La fille devenue sujet d'un dossier qui s'est longtemps enlisé dans les méandres de la justice, est bel et bien algérienne. Me Benbraham le crie haut et fort. L'affaire qui porte le nom de la fillette a commencé suite au décès de sa maman Farah dans un accident de la circulation le 25 mars 2005. La petite Sophie se trouve chez la grande-mère à Oran. Suite aux divergences entre les deux parties quant à la garde de la fille, l'affaire a failli connaître une issue non souhaitable. Intervenant dans ce sens, la conférencière, documents à l'appui, affirme que Sophie est issue d'un père algérien portant le nom de Mohammed Yousfi. Ce dernier, interrogé par le journaliste de la chaîne Al Arabia, était catégorique. «On (lui et Farah) s'est séparés le 5/5/2001.» La cérémonie religieuse de la Fatiha s'est déroulée le 14 mars 2001 au domicile des Bennekrouf. «A ce moment Farah était avec moi», insiste M.Yousfi qui a renoué contact avec sa femme trois mois uniquement après leur séparation. Et celui-ci d'éclairer les choses au mieux: «Après la mort de Khadidja (Farah), sa famille m'a appelé afin de valider ce mariage, chose que j'ai faite. D'ailleurs, j'ai emmené ma fille chez un médecin et lui ai demandé de prendre ses empreintes ainsi qu'une photo pour que demain personne ne puisse nier sa filiation.» Le consul général de France à Alger, Francis Heude, peut-on lire dans une attestation, a affirmé que Mme Belhocine Khadidja Farah a obtenu «de mes services un visa de court séjour délivré le 9/5/2001. Son séjour était pris en charge par M.Jacques Scharbook...». «Ça va venir, cet homme se retrouvera derrière les barreaux», poursuit Me Benbraham avant d'indiquer que la date pour convoler en justes noces de Jacques et Farah est incomplète sur le supposé acte de mariage présenté au même titre que les noms des témoins.