Le phénomène du tsunami pourrait avoir son parallèle à Oued Beni Azza, au niveau de son embranchement avec Oued Khazrouna où pas moins de 110 logements échappent à la vue du commun des citoyens, mais dont les maux sont subis par la cité des 520 Logements à Khazrouna, un centre dépendant de la commune de Beni Mered, mais plus proche des communes d'Ouled Yaïche et Blida. Jouxtant une des zones industrielles, le lotissement fait de tôle ondulée, de bois récupéré, monté avec hourdis et toits faits de matière (éternite) interdite partout dans le monde pour ses effets cancérigènes, ces formes abracadabrantes - faisant office d'habitation pour êtres humains pourvus de cartes d'électeurs mais ne pouvant disposer d'un certificat de résidence - serpentent suivant les ondulations de l'oued. Il sera appris sur place que deux agents de l'ordre public et un garde communal y habitent également et que ces six à neuf cents habitants disposent de l'électricité à raison d'un compteur électrique pour chaque groupe de dix logements en moyenne. Le quartier construit sur le lit même de l'oued dispose de son comité et d'une association disposant d'un cachet humide ; l'alimentation en eau potable provient des bonnes dispositions d'un industriel qui s'installe tout près et qui permet -jusqu'à quand ? - qu'on s'alimente au niveau du forage - licite (?) - effectué au moyen d'une sonde. Ces personnes, venues pour la plupart des wilayas de Médéa, Tissemsilt, Aïn Defla et Chlef sont à la recherche aujourd'hui d'un logement décent avec le minimum de confort pouvant faire d'eux des citoyens à part entière. Ayant vécu les affres des conditions climatiques rigoureuses avec la neige en prime, ils juraient qu'aucun représentant de quelque autorité qu'elle soit ne leur a rendu visite, excepté le corps de la Gendarmerie nationale. Plus ancienne, la cité construite près du chemin de fer à la cité Ramoul se trouve davantage exclue puisque même le courant électrique lui est refusé ! Quelque 3000 habitants s'y entassent dans des conditions dramatiques ; les responsables de la commune, de la daïra et de la wilaya ignorent cette frange de la population dont on vient quémander les services à chaque campagne électorale. La visite de l'intérieur de deux demeures démontrait l'étendue du désastre humain : plusieurs bidons et bassines dans une même chambre récupéraient les gouttes de pluie infiltrées, deux planches jointes faisaient office de potager de cuisine et une multitude d'enfants, quasiment entassés les uns sur les autres - pour se donner plus de chaleur - tentaient de trouver le sommeil. Personne ne veut rafistoler son « chez-soi » parce qu'il existerait des menaces de démolition par les autorités mais personne n'est venu l'annoncer ou proposer un toit ailleurs. Un fils de chahid, père de dix enfants et exerçant comme surveillant à la wilaya, n'a bénéficié de quoi que ce soit pendant qu'un autre, arrivé à Blida depuis 1981, célibataire et cherchant du travail, aujourd'hui marié et père de huit enfants, déclarera posséder des preuves irréfutables de l'enrichissement irrégulier de plusieurs responsables, que lui et ses semblables continuent à ramener l'eau potable par le moyen de brouettes à partir de la nouvelle zone industrielle avec tous les risques encourus par les enfants ; ces enfants qui ont enfin pu jouer comme les autres en construisant des bonhommes de neige et en se jetant plein de boules ; ces mêmes enfants qui iront à l'école, qui transporteront l'eau et qui exposeront au bord de la route sur des tables de fortune cigarettes et sucreries. Pour la brigade de gendarmerie de Zabana dont dépend le quartier, il ne se passe pas un jour sans que les riverains viennent se plaindre des méfaits causés par les jeunes de ce quartier dénommé ironiquement « les Villas » par opposition aux immeubles d'en face dont les appartements reçoivent périodiquement des cambrioleurs. Ces mêmes jeunes se voient refuser l'accès au micro-crédit de l'Ansej du fait de l'absence d'une pièce maîtresse : le certificat de résidence. Cercle vicieux où l'Etat veut résorber le chômage et les maux sociaux mais dont les services refusent la délivrance de pièces pouvant être les catalyseurs de la sortie du bourbier. Prostitution, vols, rapines, rixes, drogue : tout y est comme ont existé les affiches des partis durant les campagnes électorales, affiches collées sur le parpaing servant de clôture d'une maison ou sur la porte en zinc servant d'entrée principale. De mémoire des vieux habitants, jamais un responsable n'y a mis les pieds et... peu de jeunes ont eu la joie de connaître la vie estudiantine. « Quelques filles fréquentent l'université mais nous ignorons ce qu'elles étudient », affirmera un ancien qui s'accrochait à cet espace de communication qu'est un journal pour crier sa haine des responsables et qui dénoncera cet ancien DEC d'Ouled Yaïche qui avait vendu plusieurs arrêtés d'attribution d'un même logement à plusieurs bénéficiaires moyennant une somme allant de cinq à dix millions de centimes ayant eu pour conséquence des affrontements pour les RHP du Hay El Aïchi sans que l'auteur ne soit traduit pour ses actes devant la justice.