A Mansour balaie d'un regard hostile la salle d'audience avant de s'avancer vers la barre avec une certaine nonchalance. Il comparaissait pour assassinat le 2 mai devant le tribunal criminel de la cour d'Oran. La trentaine bien entamée, courtaud et gras, l'accusé se trémousse dans son pantalon en toile pour ajuster sa chemise. Oran : De notre Bureau Son attitude suscite le doute quant à ses capacités mentales. Un rictus narquois déforme son visage rond au teint brun lorsque le président l'invite à décliner son identité. Selon l'acte d'accusation, le 9 juin 2008, il avait sauvagement assassiné son ami de longue date, K. C. Saïd, alors âgé de 36 ans, et ce, quelques minutes seulement après un dîner en tête-à-tête, bien arrosé, dans un restaurant de la côte est de la wilaya d'Oran. Selon les résultats de l'expertise médicale, A. Mansour a porté 26 coups de couteau, dont 16 mortels, à sa victime avant de l'égorger. Il a fourré le corps dans le coffre de sa voiture pour se rendre au village côtier de Kristel, distant d'une quinzaine de kilomètres du lieu de l'assassinat, où il l'a balancé au fond d'un puits désaffecté. Sur le chemin du retour, il provoque un accident de la circulation, à l'entrée de la périphérie est de la ville d'Oran. A la vue des policiers, l'assassin chauffard abandonne son véhicule et prend la fuite. Le fuyard est maîtrisé après une brève course poursuite à travers les dédales du quartier de Seddikia. Soumis à un test d'alcoolémie, il s'avère que A. Mansour a bu plus qu'il n'en fallait et ingurgité une importante quantité de psychotropes. Les résultats des analyses ont fait état de 3,14 g d'alcool dans le sang et également révélé des traces de drogue. C'est le frère de la victime qui a mis la puce à l'oreille des enquêteurs de la police. Le coffre de la voiture accidentée, appartenant en fait à son frère, était maculé de sang. « Nous avons éclusé beaucoup de vin en dînant. Sur le trajet du retour, il a arrêté la voiture et tenté d'attenter à ma pudeur », ergote l'accusé d'un ton acerbe. Il ne semble éprouver aucun remords et donne l'impression d'avoir fait ce qu'il avait à faire. « Vous l'avez alors égorgé puis jeté dans un puits ? », s'interloque le président. Le regard de A. Mansour s'assombrit et il retrousse son nez écrasé de boxeur avant de baisser la tête en marmonnant des mots intelligibles. Le représentant du ministère public a mis en évidence la gravité des faits en soulignant que « l'accusé tente de simuler la folie pour bénéficier de la clémence du jury. Il a assassiné de sang-froid sa victime », a martelé l'avocat général, avant de requérir la peine capitale. Le défenseur a fait remarquer, en exhibant le dossier médical de son mandant, qu'il a été interné à l'hôpital psychiatrique de Sidi Chahmi, entre 2006 et 2007. Il souffre de graves troubles psychiques et a vraiment besoin d'un suivi médical draconien. L'avocat a conclu sa plaidoirie en demandant aux membres du tribunal de prendre en considération cet état de fait. Au terme des délibérations, l'accusé a été condamné à une peine de 20 années de réclusion criminelle. La requête de la défense a été rejetée.