Le 5 avril dernier, le tribunal criminel d'Oran a statué sur une affaire d'assassinat et de tentative de meurtre. Un crime a suscité, à l'époque des faits, la consternation de la population de la bourgade de Chteïbo, située à quelques encablures de la sortie sud de la ville d'Oran. Selon l'arrêt de renvoi, le meurtrier, A. C., âgé de 33 ans, armé d'une épée, qu'il avait bien aiguisée au préalable, a fait irruption, l'après-midi du 2 février 2005, dans la quincaillerie de ses ex-beaux parents, située dans ladite bourgade. Sans lui laisser le temps de réagir, il s'est acharné sur son beau frère, Z. M., avec sa redoutable arme. L'expertise médicale a fait état de 14 coups d'épée portés sur différentes parties du corps de la victime. N'ayant pas assouvi sa vengeance, et animé d'une folie meurtrière, le criminel a pris en chasse un membre de la famille de ses ex-beaux parents, B. M., qui, mort de peur, avait entre temps pris la fuite à travers les dédales de cet immense bidonville où sont agglutinées des familles originaires de différentes contrées de l'ouest du pays, issues pour la plupart de l'exode rural. Il l'a finalement rattrapé quelques mètres plus loin et lui a asséné deux coups d'épée, à la jambe et à l'épaule, avant que des citoyens interviennent et réussissent à le désarmer. Ils ont eu beaucoup de mal à le maîtriser avant l'arrivée des gendarmes. Selon ses propres aveux, formulés devant les enquêteurs de la gendarmerie, A. C. a reconnu son intention de décimer toute la famille de son ex-épouse. Il n'a pas pardonné à cette dernière de l'avoir quitté, et lui a clairement fait savoir à la sortie du tribunal des divorces que sa vengeance serait cruelle. Lors de son procès, il n'a pas cessé à partir du box des accusés de foudroyer du regard les membres de son ex-belle famille, présents dans la salle d'audience. De temps à autre, il adressait un rictus à son vieux père, assis à l'écart des témoins à charge. Courtaud et ne donnant apparemment pas l'impression d'avoir des remords, A. C. déclara d'emblée d'une voix ferme, en tentant de simuler une maladie mentale : « Je ne sais pas ce que j'ai fait ce jour-là. J'étais sous l'effet des psychotropes. J'étais sous traitement médical et je prenais des médicaments. » Le président lui demande : « Et maintenant vous êtes guéri je présume ? » L'accusé baisse la tête et ne répond pas. Après lui avoir imposé un judicieux jeu de questions-réponses durant près d'une heure, au cours de laquelle il tenta vainement de minimiser les faits en invoquant le motif qu'il ne jouit pas de toutes ses facultés mentales, le président du tribunal l'invite à regagner le box des accusés. Le représentant du ministère public a mis en évidence le caractère violent de l'accusé, son acharnement sur ses victimes et la préméditation de son acte, en notant au passage qu'« avant de passer à l'action, il avait bien aiguisé son arme blanche pour être sûr de tuer ». L'avocat général conclut son réquisitoire en requérant la réclusion criminelle à perpétuité. La défense a plaidé le bénéfice de larges circonstances atténuantes, en insistant sur le fait que son mandant ne jouit pas de toutes ses capacités mentales. Au terme des délibérations, le tribunal criminel a maintenu la peine requise par le représentant du ministère public.