Un ajournement et des interrogations. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, ne se rendra pas en visite officielle en France le mois prochain, comme il a été annoncé il y a quelques semaines. Selon le quotidien français Le Monde, qui a rapporté cette information, mercredi dernier, cette visite officielle ne sera pas possible avant le mois de décembre prochain. « Aucune date précise n'a encore été arrêtée, mais l'agenda des présidents français et algérien ne devrait pas permettre que cette visite puisse se dérouler avant décembre prochain », affirme le quotidien. Pourquoi ce report ? Y a-t-il un coup de froid entre Paris et Alger ? Bouteflika effectuera-t-il cette visite ? Pour cette dernière question, la réponse a été donnée par des responsables algériens. Après le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, le ministre d'Etat, représentant personnel du chef de l'Etat, Abdelaziz Belkhadem, a confirmé le déplacement de Abdelaziz Bouteflika à Paris. « Le président de la République a donné son accord pour effectuer une visite officielle en France », a déclaré Abdelaziz Belkhadem lors d'une conférence de presse animée, mercredi dernier, au siège du FLN à Alger. Qu'est-ce qui motive alors le renvoi sine die de ce rendez-vous ? Selon des sources algériennes et françaises, citées par Le Monde, cela est dû à « un simple problème de calendrier ». Côté français, on précise que cet ajournement « n'est pas politique ». « Même si la relation franco-algérienne est, comme d'habitude, passionnelle et difficile, il n'y a aucun problème sérieux, à l'heure actuelle, entre les deux pays », reprend Le Monde. « Il vaut mieux réfléchir plutôt que de précipiter une telle visite », soutient-on du côté algérien. Cette déclaration pourrait être interprétée comme une volonté de se donner plus du temps pour, peut- être, trouver des solutions à certaines divergences entre les deux pays, notamment la question de l'histoire et de la mémoire. Le contentieux historique est tellement lourd qu'il a été à l'origine de l'échec de toutes les tentatives d'assainissement des relations algéro-françaises. Le traité d'amitié, voulu par le président Bouteflika et l'ancien chef d'Etat français, Jacques Chirac, a été capoté par la loi française du 23 février 2005, qui glorifie le colonialisme. Depuis, les responsables algériens conditionnent le rapprochement avec la France par « une demande officielle du pardon ». Le 8 mai, Abdelaziz Bouteflika a proposé, dans son message, « une voie originale pour tourner la page noire », qui ne sera pas seulement « le fait des historiens ou des sociétés civiles ». Autrement dit, une prise en charge au niveau politique. Les deux parties veulent-elles préparer le terrain à cette « voie originale » ? La visite effectuée en Algérie, mercredi dernier, par le secrétaire d'Etat français à la Défense et aux Anciens combattants, Jean-Marie Bockel, pourrait s'inscrire dans cette perspective. Ce dernier avait honoré sept anciens combattants algériens de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945). Un geste, certes tardif, envers les quelque 40 000 Algériens mobilisés dans l'armée française à cette époque et qui sont encore en vie, mais qui constitue une avancée en vue d'ouvrir une nouvelle page. Outre le conflit historique, la question du Sahara occidental constitue aussi un objet de désaccord entre les deux pays. D'autres affaires, telles que la question des visas et la circulation des personnes empêchent également le « rapprochement » entre les deux pays. Il est à rappeler qu'à l'issue de la dernière visite de Nicolas Sarkozy en Algérie, celle de Abdelaziz Bouteflika en France avait été annoncée pour le début de l'année 2009.