Abdelaziz Bouteflika est rentré au pays. L'information nous a été communiquée, hier, par le ministre d'Etat, représentant personnel du président de la République, Abdelaziz Belkhadem. « Bien sûr qu'il est rentré au pays. Où voulez-vous qu'il aille ? », nous a-t-il affirmé au téléphone. Selon lui, le chef de l'Etat est parti mercredi dernier à Paris pour « un contrôle médical postopératoire tout à fait ordinaire et a regagné le pays après les examens médicaux ». Notre interlocuteur n'a pas précisé quand est-ce qu'il est revenu. « Je ne peux pas vous dire s'il est rentré vendredi ou samedi. Mais il est rentré », a-t-il lancé. Avant-hier, un communiqué de la présidence de la République a indiqué que le président Bouteflika avait quitté l'hôpital militaire du Val-de-Grâce, vendredi 21 avril, sans toutefois préciser s'il est revenu au pays ou s'il doit effectuer une période de convalescence en France. Pour Abdelaziz Belkhadem, M. Bouteflika a effectué un « contrôle médical de routine et n'avait pas besoin d'une période de convalescence ». Hier matin, le ministre des Affaires étrangères français, Philippe Douste-Blazy, a annoncé sur les ondes de la radio J que le président algérien avait quitté la France. Cependant, le séjour du président de la République à Paris a fait monter la tension entre l'Algérie et la France. Aux réactions des responsables de la droite et de l'extrême droite de ce pays, se sont ajoutés, hier, les propos du chef de la diplomatie française, Philippe Douste-Blazy. Ce dernier, gêné par le « génocide identitaire » employé, la semaine dernière, par Bouteflika, a appelé à « ne pas galvauder » ce terme. « Concernant le génocide, un mot qui a été employé récemment, des philosophes et des intellectuels nous ont appris, en particulier (l'écrivain italien) Primo Levi, qu'il ne faut jamais galvauder ce type de terme », a-t-il déclaré. Le ministre des Affaires étrangères français est allé plus loin en faisant « ses remarques » par rapport aux propos tenus, lundi 17 avril à Constantine, par Bouteflika, qui a dénoncé un génocide de l'identité algérienne par la France durant la colonisation de l'Algérie de 1830 à 1962. « Je ferai une remarque concernant les propos de M. Bouteflika sur la France : je vois qu'il apprécie les médecins français, je vois qu'il apprécie la médecine française, je vois qu'il apprécie les hôpitaux français », a-t-il ajouté avec une certaine ironie. Un discours similaire à celui-ci a été, rappelons-le, tenu par Jean-Marie Le Pen et ses camarades de l'extrême droite et de la droite, jeudi et vendredi derniers, soit au moment où le président algérien était au Val-de-Grâce pour subir ses examens médicaux. Après cette « précision », le chef de la diplomatie française a tenté de se ressaisir en appelant à un travail de mémoire. Un travail qui devra être fait, selon lui, par les historiens et les chercheurs et non par les hommes politiques. « Il est temps d'ouvrir une page nouvelle sur l'avenir commun de nos deux pays », a-t-il estimé en précisant au passage que « l'Algérie est un partenaire plein et entier, souverain et indépendant » avec qui la France doit travailler. Ayant effectué une visite officielle en Algérie, les 9 et 10 du mois en cours, en vue de relancer le projet de la signature du traité d'amitié, M. Douste-Blazy dira qu'il n'y a pas de calendrier fixe pour la signature de ce pacte.