Montréal. De notre correspondant La commission que préside M. Si Affif avait chargé le député de la zone, l'indépendant Mohamed Gahche, de sélectionner un groupe de personnes représentatives de la communauté. Comme le gros de celle-ci se trouve au Canada et que le député est originaire des Etats-Unis et «accessoirement» élu par une majorité en «Australie», sa connaissance des Algériens du Canada semble limitée. En tous cas, jusqu'au départ des «invités» vendredi soir, aucune information n'a été diffusée dans la communauté ni par le député ni par ceux qui font partie de la délégation. Tout s'est fait en catimini avec le moins de bruit possible. «J'ai invité les présidents et des vice-présidents d'association», affirme Mohamed Gahche, bien que sa délégation comprend des personnes qui ne sont pas membres d'associations. Le programme de ces journées était la grande inconnue. Toutes les personnes faisant partie de la délégation étaient incapables de fournir le moindre ordre du jour. De son côté, Saïd Chohra, l'ex-candidat du FLN aux dernières élections législatives de 2007, a usé de tout son réseau de contacts à Alger pour «imposer» une liste additive. Bien qu'ayant pratiquement disparu de la circulation depuis une année, il a pu rebondir en publiant ce vendredi un communiqué de presse coupant l'herbe sous les pieds du député en affirmant que : «Le silence qui a entouré toute la procédure nous a persuadé d'effectuer des démarches pour corriger cette situation. Dès lors, nous avons établi une liste réduite de personnalités qui m'accompagneront en vue de participer à ce colloque et dont la maîtrise et leur bonne connaissance de la situation et des besoins de la communauté sont incontestables.» La liste de Saïd Chohra étant composée majoritairement de son staff électoral de 2007. L'ancien candidat RND aux élections législatives et journaliste communautaire Lamine Foura estime qu'«autant que le manque de transparence dans la confection de la liste du député et sa maladresse, le rajout par un autre parti d'une autre liste prouve qu'en Algérie nous sommes encore dans une république bananière», il y trouve aussi bizarre que le député n'ait pas pensé à faire participer des associations berbérophones. Pour Rachid Boudjarane, président du Regroupement des Algériens du Canada (RAC) qui ne fait pas partie de la délégation, lui aussi estime que «ceux qui ont accepté d'embarquer dans cette mascarade feront face à leur conscience. Je dénonce l'incompétence du député. Un vote volé aboutit nécessairement à ce genre de situation. Avec toute mon implication dans la communauté, tant à l'échelle fédérale que provinciale, on n'est même pas mis au courant. Pourquoi n'y a-t-il pas eu de réunion préparative ? C'est un total irrespect pour la communauté.» De son côté, Ahmed Mahidjiba, président de l'association du centre culturel algérien (CCA) dont la structure a pratiquement appelé à un boycott des élections législatives de 2007 et a mené une campagne sur internet pour appeler à l'abolition de la fonction de député pour l'émigration, estime que «le fait que l'invitation soit venue du député ne change en rien notre position sur l'inutilité d'un député à l'étranger. Rien ne nous empêche de réitérer notre position, même au colloque.» Bien que n'ayant pas mis sur la place publique sa participation à ces journées, il affirme que la participation de son association «a été largement discutée au sein de (son) conseil d'administration et a fait l'unanimité.» En fin de compte, la grande leçon de démocratie ne viendra pas de la communauté des Algériens du Canada, du moins pas de ceux qui font le plus de bruit. 3 nuits dans un grand hôtel algérois et un billet aller-retour Montréal-Alger sur Air Algérie aux frais du contribuable algérien : une belle entrée en saison estivale pour la trentaine d'heureux gagnants de la tombola du système et ses ramifications en Amérique du Nord.