Une journée d'études s'est tenue autour de l'épineuse question des métiers dont la rareté met à mal un secteur du BTPH en pleine expansion. Ainsi, par cette initiative et avec l'accord du ministre en charge du secteur, Aïn Témouchent vient d'innover en mettant en place une politique d'adéquation du système de formation professionnelle avec la réalité économique locale. De la sorte, la rencontre qui a réuni les P/APC, les directeurs d'exécutif, les responsables des organismes en charge de l'emploi et ceux des centres de formation professionnelle, a pris l'allure d'états généraux. Pour la circonstance, le wali a résumé la problématique à travers l'esquisse d'un historique du développement de la wilaya. La rétrospective ainsi dressée a mis en exergue les raisons objectives qui font que cette wilaya n'a pu se doter d'outils de réalisation que sont les entreprises du BTPH, ni d'une main-d'œuvre locale qualifiée. En effet, son érection au rang de wilaya en 1984 a été piégée par la crise économique qui a sévi depuis 1986, laquelle crise a été prolongée par la tragique décennie 1990. De ce fait, Aïn Témouchent n'a pas bénéficié de programmes de développement en rapport avec les ambitions à l'origine de sa promotion en tant que nouveau pôle régional. Ce n'est donc qu'à partir de 2000, du fait de la reconstruction suite au séisme qui l'avait ébranlée, que le début d'un essor s'est enclenché. A cette occasion, un recensement a fait apparaître que 50% des salariés sur les chantiers provenaient de l'extérieur de la wilaya et que 80% des entreprises de réalisation avaient pour sièges d'autres wilayas. En conséquence, d'une part, l'impact au plan des richesses en terme de plus-value au plan socio-économique n'a pas entièrement profité à la wilaya et, d'autre part, dès que la politique de relance économique à travers le pays a été initiée, les entreprises qui activaient à Aïn Témouchent ont répondu au chant des sirènes de leurs wilayas d'origine, lesquelles wilayas se sont toutes prises de rivaliser entre elles afin d'attirer le maximum d'opérateurs chez elles. De ce fait, depuis quelque temps, à Aïn Témouchent, les avis d'appel d'offres ne trouvent plus preneurs. Le casse-tête de la main-d'œuvre qualifiée Au bout du compte, si des initiatives sont en cours pour ce qui est du retour des entreprises et l'encouragement à la naissance d'autres localement, la question de la main-d'œuvre qualifiée constitue un véritable goulet d'étranglement, puisque les entreprises qui acceptent de s'engager sur un projet sont obligées de travailler au ralenti faute d'effectifs suffisants. Ainsi, il est quasi impossible de constituer deux équipes pour les faire travailler en alternance de façon à accélérer la livraison des travaux. Or, pour 2005, ce sont pas moins de 2 500 logements qui doivent être lancés à raison d'une moyenne de cinq postes de travail par logement, ce qui correspond en théorie à la création de 12 500 emplois. C'est dire si la seule alternative pour relever le défi est, d'une part, de mettre en adéquation le système de formation avec les besoins du développement local et, d'autre part, de réhabiliter les métiers manuels que le système éducatif a dévalorisés au profit du travail intellectuel. Pour le premier axe, les communes viennent de mettre à la disposition du secteur de la formation des locaux qui vont abriter un réseau de 17 sections détachées, des sections qui, dès le mois de février, vont accueillir 510 stagiaires dans diverses spécialités : plomberie, chauffage, maçonnerie, carrelage, faïence, etc. Pour sa part, la wilaya s'est engagée à fournir à chacun des stagiaires une caisse à outils et à apporter une assistance en matière de main-d'œuvre et de matériaux. A cet égard, après une durée de quatre mois de formation, sur la base des programmes élaborés et planifiés en concertation avec les encadreurs, il est prévu de faire participer les sections ouvertes aux travaux d'entretien des daïras et des communes. Pour ce qui est du volet relatif à l'émergence d'un engouement des jeunes chômeurs pour les métiers, il a été arrêté que les communes s'engagent par convention signée avec les apprentis à leur accorder systématiquement la priorité dans l'embauche, à chaque lancement d'un projet de réalisation dans le cadre des PCD et PSD. De même, dans les cahiers des charges soumis aux entreprises de réalisation pour l'obtention d'un marché, il doit être stipulé qu'elles s'engagent à accorder la priorité dans l'embauche aux jeunes passés par les sections détachées.