Le rideau est tombé sur le premier Salon du livre de Sétif. Organisée pour la première fois en dehors de la capitale, la manifestation, qui a regroupé plus de 50 maisons d'édition ayant exposé plus de 1000 titres nationaux et étrangers, a été une réussite. La timide campagne publicitaire suppléée par le bouche à oreille, heureusement diriez-vous, n'a pas altéré l'engouement des férus du livre. Ainsi, les adeptes du papier imprimé se sont, une semaine durant, régalés. D'autant que l'espace leur a permis de rencontrer des gens du livre, aussi bien éditeurs qu'auteurs. « Beaucoup de gens étaient heureux de venir se promener dans les allées du Salon, rien que pour le plaisir d'humer l'odeur du papier imprimé », dira, en préambule, Fayçal Ouaret, l'architecte écrivain qui développe : « Il y avait des exclusivités, des livres jamais vendus avant le Salon de Sétif (celui de Hocine Maghlaoui : Le serment de Ouled El-Kaïm, ANEP, Alger, mai 2009). Hocine Maghlaoui était là comme intervenant durant un café littéraire, mais pas pour présenter son livre, ce qui est vraiment dommage. Les organisateurs (pourtant responsables de l'ANEP, son propre éditeur !) ont raté une belle occasion de faire une sortie nationale à Sétif de ce livre, premier roman d'un homme dont le parcours national et international est source de fierté. Les cafés littéraires ont souffert le premier jour (jeudi 7 mai) du foisonnement des activités. Il y avait beaucoup de dispersion, pas nécessairement au profit du livre. Il est dommage qu'aucun public n'ait pu écouter Abderrahmane Khelifa, Abdelkader Djeghloul, Abdelmadjid Merdaci, Hocine Maghlaoui et Foued Soufi parler d'élites et du mouvement national. L'intervention d'Annie Steiner lundi matin au lycée Malika Gaïd, au profit des élèves et enseignants des lycées Gaïd et Kerouani, bouleversa beaucoup d'adolescents, heureux aux larmes de découvrir cette petite dame au parcours immense de courage et d'abnégation, leur raconter sa passion pour l'Algérie. Plus d'une heure après la fin de son intervention, ils l'entourèrent pour avoir chacune et chacun le droit de l'embrasser, de prendre une photo avec elle, et de lui faire signer un petit mot en guise de témoignage de leur joie de l'avoir rencontrée. Une jeune fille, pleurant toutes les larmes de son corps en souriant, lui rédigea séance tenante un petit poème dans lequel elle dit à Annie Steiner qu'elle a changé le sens de sa vie et que, désormais, elle ne pensera plus jamais à quitter le pays, mais à consacrer toute son énergie à le bâtir et à l'aimer. S'il faut retenir une seule image de ce Salon, ce fut celle-ci. Il y a aussi cette magie du Salon : Cheikh Bouamrane n'avait plus jamais eu l'occasion de saluer directement Annie Steiner depuis… 1963 ! Dès qu'elle alla l'aborder pour le saluer, au gré des déambulations de chacun dans les allées du Salon, Cheikh Bouamrane lui rappela les circonstances exactes de leur première rencontre, autour de la rédaction d'une note d'introduction pour la chaire de philosophie à l'Université d'Alger, ce que Annie Steiner, sollicitée en dernier recours, fit alors avec beaucoup de mérite, raconta-t-il. Annie Steiner fut émue de voir à quel point le cheikh, malgré l'âge et l'éloignement de ce fait, s'en souvenait avec précision. » Directeur de l'édition à l'ANEP, (co-organisateur de la manifestation) Mohand Balhi évoque ses découvertes : « Le Salon du livre de Sétif, le plus important événement culturel du printemps, m'a permis de découvrir le talent de Amel Harfouche et de ses jeunes slameurs ainsi que le sensibilité et la délicatesse de Randa Kolli, future grande dramaturge … »