L'une après l'autre, les entités économiques héritées de l'époque de la révolution industrielle disparaissent. Sans que l'on fasse leur deuil. Sonipec, Sonitex, Districh et bien d'autres entreprises activant dans divers secteurs n'existent plus. Elles sont soit vendues soit simplement fermées. Aujourd'hui, les fonderies algériennes risquent, à leur tour, de mettre la clé sous le paillasson. Les syndicalistes des filiales du groupe légendaire Fondal tirent le tocsin. Dans une lettre adressée au secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, la coordination syndicale du groupe lance un appel de détresse, pour «sauver 800 familles qui vont se retrouver à la rue». La lettre est un rapport détaillé sur la situation «désastreuse» dans laquelle se trouvent les fonderies algériennes. Il y a à la fois cherté de la matière première et indisponibilité de certains intrants indispensables pour le process de production. «L'absence de la fonte tout-venant (intrant stratégique) a provoqué un arrêt total de la production au niveau de plusieurs fonderies qui n'arrivent plus à honorer leurs engagements vis-à-vis de leurs clients (…)», soulignent les syndicalistes dans leur missive. Cette situation a été engendrée, expliquent-ils, par la reprise des exportations de la «fonte tout-venant». Ce produit est devenu introuvable sur le marché national et lorsqu'il est disponible, il se vend cher, mentionnent-ils, précisant que cet intrant est passé de 13 DA/kg à 19 DA/kg. «Les déchets ferreux, d'habitude récupérés pour assurer la continuité de l'activité de ces filiales, sont actuellement exportés à l'étranger de manière informelle pour de modiques sommes», se plaint un syndicaliste. La coordination syndicale exprime clairement son inquiétude quant au devenir de ces entreprises et souligne le doute qui s'empare des travailleurs du groupe. Autre raison qui inquiète les syndicalistes : les difficultés financières dont souffrent les différentes filiales du groupe. «Si cette situation persiste, ce sera la mort subite avec la fermeture des filiales qui emploient aujourd'hui 800 travailleurs», fait remarquer le coordinateur syndical Mohand Laddaoui qui indique que la dette du groupe s'élève à 1200 milliards de dinars. «Cette dette bancaire, précise-t-il, génère actuellement 120 milliards de dinars en intérêts. En outre, la banque prélève sur la recette des filiales 20% sur chaque encaissement, soit l'équivalent de 200 milliards de dinars dans le cadre d'une hypothétique réduction de l'endettement.» La coordination syndicale considère que cette disposition «pénalise» l'entreprise à tel point qu'elle est menacée de déclarer faillite. «Nous devons débourser actuellement au profit de la banque l'équivalent de 320 milliards de dinars, soit 38% de notre chiffre d'affaires», indique encore la coordination, affirmant que l'activité des trois filiales que compte le groupe est «en nette progression que ce soit en production ou en chiffre d'affaires». M. Laddaoui souligne que même le plan de charge progresse en raison de la forte demande. Mais le poids de l'endettement rend impossible tout investissement au sein du groupe à même de mettre à niveau certains outils de production de sorte à lui permettre de répondre à l'importante demande qu'il reçoit, explique ce syndicaliste. Face à cette situation, la coordination syndicale interpelle M. Sidi Saïd afin qu'il intervienne pour sauver ce groupe d'une faillite certaine. Elle estime qu'il est urgent d'alerter les pouvoirs publics quant à ce qu'elle qualifie de «fléau» qui met en péril tout un tissu industriel en le privant de matières premières de base nécessaires à son activité. Elle dénonce par là-même «la fraude fiscale» faite par ceux qui agissent dans l'informel. La coordination prie, en outre, les autorités compétentes d'intervenir pour l'effacement des dettes du groupe pour qu'il puisse contracter des crédits nécessaires à la modernisation de ses équipements de production. «Nous vous demandons de nous aider afin de préserver les emplois des travailleurs, leurs outils de production et l'avenir de leurs familles», conclut la coordination syndicale.