La représentante de la caisse nationale des assurances sociales (Cnas) a tiré samedi dernier la sonnette d'alarme en évoquant le nombre important des accidents de travail enregistrés durant l'année 2008. « Nous avons recensé 44 décès dont un nombre important de cas d'arrêt cardiaque dû à la charge de travail et au stress mais surtout à cause du non-respect des normes de sécurité par les employeurs notamment dans les chantiers du bâtiment et des travaux publics », a indiqué Moufida Birouk, chef de service prévention à la Cnas, lors de l'émission radiophonique Forum. Les chiffres des accidents de travail demeurent les plus inquiétants : 2 612 cas enregistrés en 2008, dont 185 graves ayant causé des infirmités. Un bilan qui nécessite une sérieuse réflexion puisqu'il causera des dépenses de remboursement évaluées à plus de 40 millions de dinars. En dépit d'un arsenal de législations fixant les normes à suivre pour la protection des travailleurs, nombreuses sont les entreprises publiques et privées qui continuent à faire fi de la réglementation, aux risques et péril de ses employés. Ceci en l'absence d'un contrôle rigoureux de la part des services concernés où les mesures répressives ne sont pas légion. « Nous avons noté, relevé même, 192 cas d'infraction inexcusables où la responsabilité de l'employeur a été clairement prouvée », a indiqué la représentante de la Cnas. Un indice qui dénote aussi du peu de souci affiché pour la santé des travailleurs en milieu économique et industriel, ce qui explique une augmentation notable des maladies professionnelles, même si dans de nombreuses situations, la sous- déclaration de ces cas privera inévitablement le travailleur de ses droits légaux. La tuberculose et l'hépatite B et C demeurent les affections les plus répandues, notamment en milieu hospitalier, alors que la surdité professionnelle l'est en milieu industriel. Dans ce volet, l'on notera la couverture sanitaire très faible en milieu industriel, de l'aveu même de Mustapha Nasri, vice-président de l'association nationale des médecins du travail. « Pour la région du Constantinois, le nombre de médecins du travail ne dépasse pas la soixantaine alors que le taux de couverture n'excède pas les 18 %», a-t-il noté. Un fait que certains incombent à l'absence même de médecins du travail dans les entreprises, alors que plusieurs unités ne sont pas conventionnées avec les secteurs sanitaires, contrairement à la loi. En somme, si la notion de sécurité et la culture de la prévention en milieu professionnel demeurent absentes, même chez les responsables de l'administration publique, à qui incombera la mission et le devoir de protéger un travailleur, lequel pourrait se retrouver un jour malade ou infirme par la faute d'un employeur insouciant, et surtout inconscient ?