La Caisse nationale de la sécurité sociale (CNAS) a enregistré 50 000 accidents du travail au cours de l'année 2005 par rapport à 43 000 en 2001. C'est ce qu'a déclaré, hier à l'APS, le directeur central de la prévention des accidents du travail à la CNAS, Mohamed Nadjib El Kechai. Le responsable a affirmé qu'en l'espace de cinq années, le nombre des accidents de travail a connu une augmentation de 20%. M. Kechai a précisé que durant 2005 ses services ont recensé 231 accidents du travail mortels, notamment dans le secteur du bâtiment et des travaux publics. A lui seul, ce secteur a enregistré 5651 accidents du travail, dont 1475 graves, ayant occasionné 300 000 journées d'arrêt de travail pour lesquels une indemnisation de 120 millions de dinars a été payée par la CNAS. Celle-ci a également dépensé une enveloppe de 30 millions de dinars, versée en 2005, à titre de capital de décès aux ayants droit des victimes des accidents du travail mortels. A cette somme, s'ajoute celle liée à la prise en charge des pensions mensuelles sous forme d'indemnisations, versée au profit des victimes des accidents du travail laissant des séquelles. Le responsable a déclaré par ailleurs qu'en 2005, la caisse a enregistré 844 maladies professionnelles déclarées. « Il s'agit de 85 types de maladies liés à l'environnement professionnel, dont notamment 2 cas d'infections provoquées par des rayonnements ionisants, 46 cas de maladies causées par le plomb et ses composants, 333 cas d'infections provoquées par les bruits et 53 cas d'hépatites virales professionnelles », a noté M. Kechai à l'APS. Il a expliqué : « La CNAS a dépensé une enveloppe de 10,5 milliards de dinars en 2005 pour la prise en charge de ces accidents et maladies professionnels déclarées. » Une enveloppe, a noté le responsable, considérée comme étant la troisième plus importante dépense de la caisse après le remboursement des médicaments et le forfait des hôpitaux. Devant cette situation, le responsable a reconnu que la politique de la prévention des accidents et des maladies professionnelles reste insuffisante. « La proportion annuelle des accidents du travail devrait diminuer si on avait une bonne politique de prévention et si l'entreprise et l'employeur appliquaient cette politique », a t-il déclaré, expliquant que le problème réside, également, dans la non-application de la réglementation en matière de sécurité et de santé au travail. Dans ce cadre, et pour faire face à ce constat alarmant, la CNAS a entamé, cette année, des enquêtes et visites au niveau des entreprises afin de contrôler l'application de la réglementation, notamment en matière de sécurité, d'hygiène et de la santé au travail. Un domaine où il reste beaucoup à faire en dépit de la mise en œuvre de tout un programme de prévention, notamment à travers l'installation d'un conseil national de sécurité et de prévention et la redynamisation des services d'inspection. Lors de son discours, à l'occasion d'un séminaire national, sur le thème des risques professionnels, au mois de décembre dernier, le ministre du Travail et de la Sécurité sociale a estimé que le programme mis en place par son département a eu des répercussions positives et réduit les accidents du travail. « Les accidents de travail ont baissé de 49 600 accidents du travail déclarés en 2003, à 46 000 accidents déclarés en 2004. La même tendance à la baisse est constatée pour ce qui est des maladies professionnelles qui ont régressé de 1000 maladies professionnelles déclarées en 2003, à 847 cas déclarés en 2004 », a déclaré le ministre. Ce qui est en totale contradiction avec les chiffres avancés par un de ses responsables et qui montrent une hausse annuelle de 5 % depuis près de cinq ans. Il a néanmoins mis l'accent sur la responsabilité de tous les intervenants dans le monde du travail en estimant : « Le fournisseur qui met en vente des matières premières toxiques sans informer de sa composition, ses risques ou son mode d'utilisation, le fournisseur qui met en vente des équipements et matériels dépourvus de systèmes de protection, le laboratoire qui appose son visa pour l'importation de produits non conformes et sans analyses, le cadre d'entreprise qui procède à l'achat au profit de celle-ci d'équipements, de machines et produits sans tenir compte des exigences minima en matière de sécurité, le chef de chantier qui engage des travaux sans les équipements de sécurité nécessaires, enfin, le travailleur qui enfreint les règlements et consignes de sécurité mis en place par l'employeur sont tous responsables de cette situation. »