Aujourd'hui à Cannes, on applaudit un film d'une violence extrême, portrait à résonance raciale d'un voyou maghrébin, terrible image de l'émigré arabe. C'est un film français réalisé par Jacques Audiard et intitulé Un Prophète. Ce titre malheureux a un rapport direct avec l'islam. Cannes (France) : De notre envoyé spécial Ce n'est ni subtil ni élégant de refaire le coup odieux du cinéaste hollandais, Van Gogh, qui lui a causé sa perte, et de ressortir la puante histoire des caricatures du journal danois. Le cinéma français peut-il glisser sur cette pente grotesque ? Le fait est qu'à Cannes les gens n'y ont vu que du feu... On ne sera pas injuste à l'égard de la sélection officielle, puisqu'il y a une succession de beaux films déjà. L'Anglais Ken Loach persévère dans ses bonnes idées et son talent reconnu, en faisant à propos d'Eric Cantona un portrait attachant d'un fan du club Manchester United. Looking for Eric mérite bien sa place dans la compétition. Truffé d'humour et particulièrement agréable à voir, c'est aussi le cas de Taking Woodstock d'Ang Lee. C'est la comédie « flower power » qu'on attendait sur la Croisette pour échapper à la tristesse de beaucoup d'autres films. Il y a maintenant plus de 40 ans, une bande de hippies américains avait organisé un concert mémorable réunissant dans les champs plus de 500 000 personnes pendant trois jours et trois nuits pour écouter Joan Baez, Bob Dylan, The Who, The Grateful Dead et d'autres stars de la musique alternative. Ang Lee a reconstitué cet événement historique avec un tournage haut en couleur, psychédélique, où 6000 jeunes figurants dansent, fument, aiment et protestent contre la guerre au Vietnam. En 1993, Ang Lee avait tourné une comédie savoureuse Eat Drink Man Woman. Depuis, sa carrière s'est poursuivie de Taïwan à New York et fut marquée d'oscars et de Lions d'or à la Mostra de Venise. Emanation directe de ce qui se passe dans le monde, des guerres et des horreurs quotidiennes, le programme du 62e Festival de Cannes a tendance à s'inspirer de l'actualité. C'est le temps de l'angoisse, on dirait que les jeux terribles des play-stations ont envahi le cinéma. Grande panique dans la salle lors de la projection de Thirst, film sud-coréen de Park-Chan-Wook, un film de vampires. Une personne dans la salle s'est évanouie. Insoutenable violence dans l'autre film Kinatay, du Philippin Brillante Mendoza, d'une nullité totale. Etalage de sang et de cadavres dans Vengeance de Johnny To, un spécialiste chinois du cinéma macabre qui va jusqu'à tirer à bout portant sur deux enfants cachés dans un placard. Où est le cinéma là-dedans ? Et que vient faire dans cette stupide histoire Johnny Halliday, bon chanteur sans doute mais piètre acteur ? Des frissons et sans doute des frayeurs à attendre aussi de Antichrist du réalisteur danois, Lars Von Trier. Tout indique que comme pour Tarantino les beaux jours de l'horreur ne sont pas finis.