Le film-événement, Un Prophète, de Jacques Audiard, a fait une razzia lors de la 35e nuit des Césars : 9 trophées ! Ce sont les nouveaux prophètes du cinéma français. Tahar Rahim, Abdel Raouf Dafri, Jacques Audiard ou encore Niels Arestrup. Ils incarnent la nouvelle sensation, voire la french touch filmique. Ils ne font guère dans la figuration ! Au contraire ! Ils crèvent l'écran ! Et la preuve est patente ! C'est la confirmation d'un plébiscite grandissant, comme celui de la 35e cérémonie de remise des Césars, samedi soir. Nommé dans 13 catégories, le film-événement, Un Prophète, de Jacques Audiard, a fait une véritable razzia en raflant... 9 trophées. Et des récompenses régaliennes. Meilleur film français de l'année, Meilleur réalisateur, Meilleur acteur et Meilleur espoir masculin, Tahar Rahim, pour son époustouflante et « bluffante » performance quant à l'ascension d'un caïd dans le milieu carcéral. Un doublé historique, Meilleur acteur dans un second rôle pour Niels Arestrup, Meilleur scénario original (Jacques Audiard, Thomas Bidegain, Abdel Raouf Dafri, Nicolas Peufaillit), Meilleure photo (Stéphane Fontaine), Meilleurs décors (Michel Barthélémy) et Meilleur montage (Juliette Welfling). « Je remercie mes acteurs chéris... Il y a des gens qui demandent juste un titre de séjour. Ce serait bien que les pouvoirs les regardent mieux et acceptent de recevoir le collectif des cinéastes pour les sans-papiers », a lancé — « politiquement incorrect » — le réalisateur Jacques Audiard à l'endroit du ministre français de la Culture, Frédéric Mitterrand, présent à cette soirée. Niels Arestrup, quant à lui, César du Meilleur acteur dans un second rôle, a remercié Jacques Audiard « pour tout ce sang neuf qu'il insuffle dans le cinéma français et que c'est important et réjouissant ». De front, la grande actrice Isabelle Adjani, 54 ans, a décroché haut la main le César de la Meilleure actrice pour le film La journée de la jupe de Jean-Paul Lilienfeld, où elle campe le rôle d'un professeur de banlieue prenant en otages ses propres élèves pour apprendre simplement la littérature. C'est le cinquième César pour Isabelle Adjani (La Gifle, L'été meurtrier...). « Une récompense couronnant peut-être le rôle le plus modeste de ma carrière, un film plutôt humble... », commentera-t-elle cette distinction. Pour rappel, Un Prophète a déjà été primé par de nombreux prix, tels que le Grand Prix du jury lors du 62e Festival de Cannes, Prix du meilleur film au Festival du film de Londres, prix Louis-Delluc ou le prix du Meilleur acteur européen pour Tahar Rahim. Il a aussi été retenu à la cérémonie de remise des Oscars pour représenter la France dans la catégorie « Meilleur film étranger ». Un reflet du cinéma français, métissé et cosmopolite, portant un nouveau regard affranchi, réel et réaliste sur la société, sans concession ni ostracisme aucun. Puisque les thèmes traités abordent la difficulté d'être enseignant en banlieue, le milieu carcéral, la condition infra-humaine d'une frange des afro-maghrébins, le délit de faciès, le communautarisme, la xénophobie, l'islamisme ou encore des success stories. « Cela a été trop long ! Nous avons défriché. Que ce soit Isabelle Adjani, moi ou Abel Raouf Dafri. Pour arriver à imposer notre mélange, notre diversité. Ce que nous sommes. C'est-à-dire héritiers de l'histoire. Algérienne, franco-algérienne, française, etc. Et, aujourd'hui, on a l'impression qu'on peut se permettre de porter notre regard sur ce cinéma. Un cinéma français qui est certainement très métissé. Mais où l'on peut faire émerger des acteurs, des scénaristes et des réalisateurs, et arriver à hauteur d'homme… », nous avait confié, récemment, la réalisatrice et productrice, Yamina Benguigui.