« Débrouillez-vous ! », avait-on lancé à la daïra d'Azeffoun en direction du P/APC d'Akerrou, lors des intempéries de mars 2005. Le maire demandait les moyens pour transférer une parturiente qui présentait une grossesse à risque. « Utilisez l'engin des travaux publics pour l'évacuer », rétorquait-on au siège de la wilaya de Tizi Ouzou, au niveau d'un service qui devait être une cellule de crise. Le P/APC finira par solliciter un entrepreneur d'Azazga, se trouvant à Illoula, qui rejoindra la commune d'Akerrou à bord de son véhicule tout terrain. Il réussira à transporter la femme jusqu'à l'hôpital de Tizi Ouzou, où une césarienne a été pratiquée avec succès. Deux vies humaines ont été sauvées non pas grâce à la mobilisation des moyens de l'Etat en période de crise, mais grâce à la disponibilité d'un simple citoyen, entrepreneur de son état. Un épisode qui a traumatisé l'élu local, qui éprouve aujourd'hui comme un besoin de débriefing. Il n'arrive pas à expliquer ni à oublier les réponses qu'il avait obtenues au téléphone, de la part des représentants de l'administration. Cette situation peut-elle se reproduire au même endroit, dans les mêmes circonstances ? Oui, puisque cette commune relevant de la daïra d'Azeffoun ne dispose toujours pas d'une maternité, ni d'une ambulance équipée et adaptée. « J'ai adressé deux courriers, depuis décembre 2007, à la direction de la santé de Tizi Ouzou, demandant la réalisation d'une polyclinique dans notre commune, avec une maternité et des services assurant des soins généraux et d'urgence », nous dit le P/APC. Une ambulance est également espérée dans cette commune située à 20 km d'Azazga et à 30 km d'Azeffoun. Quatre unités de soins existent au niveau des villages, travaillant uniquement la matinée, « comme partout ailleurs en Kabylie », comme le souligne le maire. Un médecin est attaché à la structure du chef-lieu de la commune, un deuxième praticien affecté depuis le début de l'année se déplace depuis Ouadhias, à une centaine de kilomètres, et n'arrive pas encore à assurer un service régulier. La salle de soins du village Tignatine se retrouve « saturée », et l'on peut facilement attendre une heure pour une injection, souligne-t-on. Au niveau des salles de soins de Alma Guechtoum et Agouni Mézayène, les infirmiers travaillent en « dilettante », nous dit le maire, qui a saisi le directeur de tutelle sans trop de succès.