Les statistiques fournies jeudi par Abdelmalek Sayah, directeur général de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLCDT) confirment cette tendance haussière. Ainsi, rien qu'au premier semestre de l'année en cours, les services de lutte contre le trafic de drogue ont saisi plus de 15 tonnes de résine de cannabis. «Au total, 15 443 kg de résine de cannabis ont été saisies en plus de la découverte de 9 278 plants de cannabis», a-t-il indiqué jeudi à la presse. Le bilan est suffisamment lourd pour être inquiétant. Ces quantités saisies renseignent sur l'importance du trafic de drogue, qui semble en plein essor. Selon certains spécialistes, la quantité qui arrive à bon port pourrait être de loin supérieure à cette qui tombe dans la «nasse» des gendarmes ou des policiers. Lors du premier semestre 2008, les services de sécurité ont pu saisir 54 678 comprimés de substances psychotropes, ajoute M. Sayah, qui souligne également l'interpellation dans le cadre de ces opérations de 5 641 personnes. Parmi elles, 52 étrangers : 15 Maliens, 11 Nigérians, 6 Marocains, 4 Nigériens, 3 Camerounais, 1 Tunisien, 1 Ivoirien et 1 Français. Aussi, jeudi même, plus 20 kg de kif traité ont-ils été saisis à Chlef et à Tlemcen par les services de la Gendarmerie nationale. 16 kg de kif traité ont été récupérés sur la plage Ouled El-Melh, dans la wilaya de Chlef, par les gendarmes de la brigade territoriale de Sidi Abderrahmane, indique un communiqué du commandement de la Gendarmerie nationale, répercuté par l'agence officielle APS. Le sac en plastique contenant le kif a été rejeté par les vagues, est-il ajouté dans le même communiqué, qui précise que le même jour, au cours d'une patrouille, les gardes-frontières de Maghnia, dans la wilaya de Tlemcen, ont appréhendé R. S., 26 ans, demeurant à Maghnia, en possession de 4,5 kg de kif traité. S'il se félicite de cette «récolte» des services de sécurité, M. Sayah exprime cependant son inquiétude quant à l'ampleur que prend la consommation de drogue dans les milieux scolaire et universitaire. Selon lui, la situation est alarmante. «La consommation de la drogue s'est propagée d'une façon alarmante et a pris de l'ampleur en milieu juvénile en Algérie, ce qui nécessite la mobilisation de tous pour lutter contre ce fléau», a-t-il déclaré, estimant que cette situation «aura forcément une influence négative sur l'économie nationale, le développement social et la rentabilité intellectuelle». M. Sayah avertit quant aux risques qu'encourt la jeunesse algérienne si l'Etat n'arrive pas d'ici peu à juguler ce phénomène. «Cela, souligne-t-il, va influer négativement sur le développement socio-économique du pays». Ce qui est encore plus inquiétant pour M. Sayah, c'est bien la propagation de ce fléau en milieu féminin. Selon lui, 4 à 5% d'universitaires et de lycéennes consomment de la drogue. Pour faire face à ce fléau qui ronge la société et menace l'avenir du pays, M. Sayah parle d'abord d'une enquête nationale sur la propagation de la toxicomanie qui sera lancée au mois d'avril 2009 afin d'obtenir une cartographie de la nature des drogues consommées et la catégorie des consommateurs et de l'élaboration d'une politique nationale de lutte contre ce fléau. Ensuite, le responsable de l'organisation nationale chargé de lutter contre ce fléau annonce la tenue prochaine à Alger d'un séminaire national sur les conséquences néfastes de la drogue sur le développement socio-économique. Ce séminaire, qui sera organisé par l'ONLCDT verra, d'après lui, la participation de représentants de plusieurs organismes spécialisés, notamment dans la prévention contre ce fléau et le traitement destiné aux toxicomanes, ainsi que des sociologues, des psychologues et des experts. Ainsi, pour M. Sayah, tous les moyens sont bons pour éradiquer ce fléau qui constitue aujourd'hui, précise-t-il, «une menace grave» pour la société, la santé publique et les générations montantes et se dresse comme «un obstacle» sur la voie du développement social et économique. Il est à souligner que l'Algérie commence à devenir un pays producteur, à l'image de son voisin marocain qui risque à court terme de surclasser des pays traditionnellement connus pour leur culture de drogue, comme la Colombie et l'Afghanistan.