Quand vous posez la question dans l'indifférence à un Algérien qui se veut «politique» ou «érudit» : «Que suis-je ?» il vous répond souvent qu'il est tout sauf Algérien ! Il répond qu'il est «Arabe ou Berbère, musulman ou protestant, Beur ou rien, moudjahid ou renégat, etc.»! Jamais Algérien ! Quel déficit d'identité ! Quelle haine de soi ! La haine de soi est bien pire que la haine de l'autre. Une Grande Mosquée à Alger déclenche fantasmes et polémiques plus vivaces que les violations des droits de l'homme et des citoyens en Algérie ! Une dépense qui creuse davantage le déficit budgétaire et, par ricochet, le déficit identitaire. On s'entretue pour une mosquée et on refuse de dialoguer pour le devenir de l'Algérie ! Le fantasme pour l'identité est comme la fièvre pour la maladie. Il révèle des névroses identitaires qui s'expriment par des éphémères vocables : arabistes, kabylistes, islamistes ! 1- L'arabiste n'est pas forcément un Arabe comme le poète des moalaket (suspendus) ou le généreux bédouin d'Arabie et encore moins le guerrier du désert ou le bâtisseur des Jardins suspendus. L'arabiste d'Algérie est un mauvais bâtisseur qui ne veut que convertir les autres, par haine de soi, à son arabisme de Laurence d'Arabie, et non, à son arabité, parce qu'il n'est pas arabe. Les grandes œuvres d'art le dérangent ! Il préfère les programmes anti-pénurie et le pillage : PAP des années 80, malversations d'aujourd'hui, qui se comptent par milliards de dollars! Il est dans la logique d'Ibn Khaldoun quand il parlait de al araâb (les nomades) ! Ne pas confondre al araab et arab ! 2- Le kabyliste, variation restrictive et maladie infantile de la berbérité, n'est pas forcément kabyle comme le célèbre poète de la glorieuse Kabylie qui chante la fierté de son berceau et la générosité de sa foi. Le kabyliste n'est pas berbère comme la Jeanne d'Arc d'Algérie (Yma Dahia chez les chaouias, Kahina pour les profanes) ou la résistante Yensoumer ! Il n'est pas érudit comme Ibn Toumert le traducteur du Coran en berbère, ni fondateur de savoir comme le géographe El Idrissi de Béjaïa. Son seul fantasme est la négation de l'autre pour prétendre être plus berbère que les Kabyles, les chaouias ou les Touareg ! Les grandes œuvres du savoir le dérangent ! Il préfère les «ventres creux» et les «sans culottes» des temps modernes. C'est toujours la faute de Voltaire ou de Rousseau, s'il est par terre ou sans le sou ! 3- L'islamiste n'est pas forcément un musulman comme l'humble et tolérant musulman d'Algérie qui a toujours porté dans son cœur, corps et âme, l'éternel et juste combat de l'Algérie pour son indépendance et sa liberté. Il est encore moins un érudit comme Ben Badis le snahaji, ni un résistant comme Tbessi Larbi Nemouchi. L'islamiste n'est ni mystique ni savant. Il est un névrosé en quête d'identité. Il agit pour vider les œuvres d'art et du savoir de leur essence et de leur rayonnement pour ne laisser aux futures générations que cendres et épines ! Il fera tout pour que la Grande Mosquée soit juste un lieu d'agit-prop. Quel mépris de l'histoire de la civilisation islamique ! Quel mépris pour la prestigieuse Dar El Hadith de Tlemcen ou pour la Medersa de Ben Badis ! Les grandes œuvres d'art et de savoir dérangent en particulier quand la névrose identitaire est à son comble. Ils sont pourtant et historiquement l'œuvre d'un tyran depuis la Tour de Babel jusqu'à la Grande Mosquée de Tanger, en passant par les Pyramides et le Théâtre de Timgad. L'Algérie a ses tyrans et elle doit construire son œuvre. Le reste est une «affaire de comptabilité dont l'histoire est le comptable», comme disent nos mystiques et laborieux Mozabites d'Algérie. La Grande Mosquée d'Alger est la forme la moins scandaleuse du gaspillage ou du pillage de la rente pétrolière. Les tyrans partent et les œuvres d'art restent ! L'histoire est plus que comptable ! Quel déficit identitaire! Quelle haine de soi ! La haine de l'autre n'est pas une œuvre d'art, elle conduit en enfer au sens rationnel et mystique ! L'auteur est chercheur