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Le noeud gordien algérien (12e partie) : Pistes de réflexion

Après les symptômes et les causes, nous abordons dans cette troisième partie les pistes de réflexion pouvant déboucher sur des issues à la crise. Il n'y a bien sûr aucune solution»clés en mains» proposée, mais des pistes, des éclairages, susceptibles d'aider à identifier des solutions. Car elles existent ! Mais leur recherche, leur mise au jour ne se réaliseront qu'au terme d'un débat large, apaisé, sans tabou. C'est à ce débat que nous appelons, autour des thèmes que nous avons soulevés et éventuellement d'autres…
L'identité est un facteur essentiel à la cohésion d'une société et d'une Nation. Nous avons souligné dans la livraison consacrée à ce thème l'état de délabrement qui la caractérise en Algérie (Septième partie : L'identité et l'absence d'une épine dorsale linguistique, Le Quotidien d'Oran, 29 janvier 2015). Une sortie de crise est conditionnée, entre autres, par le règlement trop longtemps différé de cette grave question.
QU'EST-CE QUE L'IDENTITE ?
Il s'agit de la désignation paradoxale de deux contraires : ce qui est identique (unité) et ce qui est distinct (unicité).
Chacun de nous a une identité propre, fruit d'une histoire personnelle, d'une croyance, d'une généalogie… L'anthropologie ne considère pas l'identité comme une qualification individuelle mais comme un rapport. Ainsi, la question de l'identité est non pas «qui suis-je ?», mais «qui je suis par rapport aux autres, que sont les autres par rapport à moi ?». Le concept d'identité est donc inséparable de celui de l'altérité.
L'identité nationale, qui n'est pas la somme des identités particulières, constitue une sorte de marqueur collectifpour la nation.Elle est forgée par la géographie, l'Histoire, la langue, le système de croyances.
LA GEOGRAPHIE
Vaste pays, l'Algérie se caractérise par la diversité des caractères. L'une des missions essentielles du système éducatif de transcender les cultures particulières au profit d'une culture commune. C'est lui qui transmet, dans une langue partagée,les valeurs fondamentales dans lesquelles se reconnait le plus grand nombre, qui constituent le gage de la cohésion. A un degré moindre, le système de communication contribue au renforcement de l'identité en surmontant les « fatalités » géographiquespar la casse des cloisonnements, le désenclavementdes régions, la réduction, grâce à la multiplication des échanges, des structures et des systèmes d'identification archaïques. Si Constantine et Annaba étaient à deux ou trois heures de TGV de Maghnia ou Oran, que resterait-il du régionalisme ? Ce serait le plus sûr moyen d'obtenir un brassage des populations par le commerce, les études, le tourisme, les mariages… L'exemple suisse montre comment un volontarisme peut venir à bout d'une géographie peu propice à l'unification.
L'HISTOIRE
Elle joue un rôle déterminant dans la construction de l'identité d'un peuple. Les Algériens ont été bien malmenés, non seulement par l'Histoire mais aussi par son écriture. Jusqu'à présent, elle a été écrite par les colonisateurs ou par le régime.Le colonisateur a conduitson entreprise de domination et d'infériorisation des colonisés au nom d'une prétendue «mission civilisatrice». Ce n'est pas le moindre de ses ravages que d'avoir alimenté la haine de soi chez les colonisés.Le régime en place depuis 1962 présente l'Histoire comme une épopée dans laquelle il tient le beau rôle.Personne ne croit à cette fiction. Le mensonge institutionnel nourrit à son tour la haine de soi.
Il est temps que l'Histoire de l'Algérie soit écrite par des historiens honnêtes et compétents. Nous n'en manquons pas. Il y a déjà eu les travaux de feu Mahfoud Kaddache notamment. Il y en a d'autres mais ils restent largement confidentiels. Il faudrait que la jonction se fasse entre ces travaux et la population. Cette histoire sincère pourrait faire office de thérapie et contribuer à faire refluer le sentiment d'infériorité. Elle pourrait aussi être un vecteur d'unification et de consolidation d'un sentiment national. Elle participerait de l'écriture d'un «roman national» auquel adhérerait le plus grand nombre.
LA LANGUE ET LE SYSTEME EDUCATIF
L'arabe dit «classique» est une langue de civilisation. Avant qu'il ne soit dévoyé, l'arabe dialectal était un sous-produit de l'arabe classique, avec des apports résiduels du berbère, langue originelle des Algériens.On ne peut pas construire une identité commune sur une fragmentation linguistique. Il faut une langue unificatrice qui, en Algérie, ne peut être que l'arabe classique, même si cette langue doit être mise à jour. Certains prétendent que cette langue est trop immergée dans la religion pour pouvoir accéder à la modernité. Ceux-là oublient qu'elle a été la langue des plus grands médecins, mathématiciens, géographes, philosophes, poètes, qui comptent dans l'histoire de l'humanité. Elle a donc été la langue de la rationalité sous ses trois formes : théorique, critique et autocritique. Si les peuples arabes se sont retrouvés dominés à un certain moment de leur histoire, ce n'est pas à cause de la langue arabe. C'est au contraire la perte de cette langue qui est aujourd'hui un facteur de régression en termes de civilisation.
Facteur d'unification à l'intérieur des frontières de l'Algérie, la langue arabe est aussi un vecteur formidable de communication avec les pays et peuples voisins, notamment ceux du Maghreb. Cette langue doit être portée, véhiculée par un système éducatif digne de ce nom. Pour cela, il faut la réunion de plusieurs conditions, les principales étant la formation des maîtres et des formateurs, des programmes ainsi qu'une pédagogie permettant de développer l'intelligence, les capacités d'analyse, l'esprit critique, la rationalité sous ses trois formes. Le système éducatif doit être au cœur de toute stratégie de développement. Il doit éduquer à la citoyenneté, l'ouverture aux autres. Il doit aussi, à l'instar de ce qui se fait aux Etats-Unis, enseigner l'estime de soi.
Le bilinguisme absolu, séduisant en théorie, serait impraticable dans la réalité et même dangereux car il pourrait être gros de la naissance et du développement de deux sentiments d'appartenance différents en attendant d'être antagonistes. On voit les dérives de ce système en Belgique, pays au bord de l'éclatement en deux entités hostiles. Un moyen terme consisterait à rendre obligatoire, durant tout ou partie de la scolarité l'apprentissage de la langue berbère sur l'ensemble du territoire algérien. La reconnaissance de l'égalité de dignité des langues serait un facteur d'apaisement et de respect mutuel et viendrait en appui de l'enseignement de l'Histoire qui doit accorder toute son importance au volet berbère, avant et après l'arrivée de l'Islam, de l'histoire de l'Algérie.
La prolifération des universités et des centres universitaires a produit cette situation absurde qui fait que de jeunes Algériens peuvent faire toute leur scolarité, du primaire jusqu'au doctorat d'Etat et au poste de professeur d'université sans quitter sa ville de naissance. Il faut casser cette logique propice à l'enfermement régionaliste en exigeant que le cursus universitaire comporte une partie de la durée des études dans une autre wilaya du pays. On peut aussi demander aux enseignants de faire une partie de leurs années de service hors de chez eux. A charge pour le Pouvoir de réunir les conditions pour que cette mobilité puisse s'opérer dans des conditions dignes.
IDENTITE ET NATION
L'identité est le sentiment, propre à chaque individu, de faire partie d'une nation. Ce sentiment naît de l'intériorisation de repères identitaires, résultant de la visibilité permanente de points communs, de symboles. Cette visibilité est, en général, organisée volontairement par l'Etat afin d'en imprégner les individus dès leur enfance. Ainsi, L'Egypte revendique la pierre de Rosette qu'elle considère, selon l'égyptologue Zahi Hawass, comme une icône de l'identité égyptienne. Jean-Claude Carrière estime que le Mahabharata »est l'Inde même», et que tous ses détails «font encore aujourd'hui partie de la vie quotidienne de l'Inde. L'Espagne traîne le souvenir encore proche de la guerre civile qui a dressé des Espagnols contre d'autres Espagnols. Avec la transition et l'intronisation de Juan Carlos, l'identité espagnole s'est construite sur un pacte d'oubli. L'hymne national espagnol est ainsi l'un des rares hymnes sans paroles…
Mais comment s'articulent les identités individuelle et collective, quel est le rôle de la nation qui leur sert de support ? L'identité collective ne serait-elle que l'expression nationale du partaged'une origine commune, d'un passé commun, par l'ensemble des individus qui constituent le peuple, qui forment la nation ?Dans ce cas, elle doit pour sa permanence faire appel à l'Histoire et à la mémoire, souvent perçues à tort comme interchangeables. La mémoire est une caractéristique évolutive, un «phénomène toujours actuel, un lien vécu au présent éternel, toujours portée par des groupes vivants», selon l'historien Pierre Nora. A contrario, toujours selon le même Pierre Nora, «l'Histoire est une reconstruction problématique et incomplète de ce qui n'est plus.» L'Histoire peut être falsifiée. Elle l'est, de fait. Sa relation d'une guerre peut présenter des divergences considérables, selon qu'elle soit écrite par les vainqueurs ou les vaincus. La mémoire ressort plus de la perception, avec une part d'irrationnel et de légende.
C'est à elle que nous devons le mode de vie, les codes qui nous gouvernent aujourd'hui sans que nous en connaissions forcément l'origine. C'est elle qui est le siège de nos repères identitaires.
L'identité collective, creuset du sentiment national, n'est pas déterminée par les gènes.Ainsi, la Somalie a beau être l'un des rares pays homogènes d'Afrique, sur les plans ethnique, religieux et culturel, elle est en lambeaux. Rien de plus simple quand on a envie d'assassiner son voisin que de pointer en lui une différence. Si ce n'est la religion ou l'ethnie, ce sera la tribu, le clan ou le lignage.
La majeure partie de l'Occident est constituée de pays à forte tradition d'immigration. Ils se caractérisent par une forte diversité culturelle, religieuse, voire linguistique, comme c'est le cas des Etats-Unis, du Canada, de la Belgique ou de la Suisse. Cela n'a pas empêché, en dépit de conflits sérieux mais d'une intensité trop faible pour faire basculer les Etats, la démocratie et la prospérité économique de s'y enraciner. Il suffit d'ailleurs d'une crise économique sévère pour que l'Occident, notamment l'Europe, retrouve des accents «somaliens», exprimant le désir de renouer avec ce en-dehors de quoi, voire contre quoi, il s'est construit, la place de la religion notamment. Ainsi, un débat très dur s'est instauré en 2004-2005 à propos de l'inscription, dans le préambule du projet de constitution européenne, des «racines chrétiennes» de l'Europe.
L'opposition de la France laïque a fait capoter cette initiative. Mais l'évocation même de cette possibilité en dit long sur l'état d'esprit de ses promoteurs et la perte de confiance dans le modèle à prétention universelle sur lequel s'est construite l'Union Européenne. Il fallait, à leurs yeux, non seulement se replier sur le pré carré d'une identité excluante, mais aussi empêcher à tout prix l'irruption d'un membre non chrétien (la Turquie en l'occurrence) dans le club. Le cardinalJosef Ratzinger, futur Benoît XVI, s'était invité au débat en déclarant que «l'admission de la Turquie serait une grande erreur». La diversité n'est donc pas une garantie non plus de la pérennité d'une société cohérente.Les facteurs sociaux, misère, déclassement, crise économique, font voler en éclats la plus raffinée des constructions théoriques, la plus généreuse des constitutions. Il ressort de ces exemples que ni l'homogénéité ni la diversité ne sont le gage d'une identité collective apaisée et pérenne. Ni l'option du passé partagé, ni celle de l'inscription collective dans un projet commun ne constituent des assurances tous risques.
C'est que l'identité n'est pas donnée pour l'éternité. Elle est l'objet d'une construction permanente.L'adosser à la seule mémoirerisque de la figer, de lui faire perdre sa substance. De plus, dans des pays où coexistent des mémoires antagoniques, cela peut entraîner des conflits internes quand des mémoires minoritaires ne trouvent pas à s'exprimer dans le récit national. En France, les crispations dans les banlieues ont certes à voir avec les problèmes sociaux, les discriminations, le racisme, mais il y a surtout la toile de fond de l'esclavage et du colonialisme. Les jeunes des cités-ghettos ont vite fait d'établir un continuum entre leur situation actuelle et celle de leurs aïeux. Le silence, voire le mépris dans lesquels sont tenus ces événements historiques leur sont désormais insupportables. Ils éprouvent ainsi un sentiment d'exclusion symbolique de la mémoire française. Ainsi se développent au sein d'une même nation des identités locales, qui n'ont rien d'un folklore sympathique, mais dont l'affirmation exclusive est une source de danger.
Construire l'identité sur un pacte d'oubli, comme l'a fait l'Espagne, pour conjurer d'éventuels démons familiers, et l'adosser à une projection permanente dans le futur, l'inscrire dans un horizon commun, n'est pas non plus exempt de risque. Il n'y a pas de problème tant que la croissance économique et la prospérité sont au rendez-vous. Qu'elles déclinent et c'est le retour assuré à la surface des crispations identitaires et la convocation de mémoires douloureuses pour donner corps à des velléités séparatistes.
Les Etats-Unis mettent en avant un esprit national, construit sur l'égalité des chances pour tous, un très grand engagement à l'égard des droits de l'homme et de la liberté, un degré assez haut de justice et de rectitude, un respect des différentes cultures et des religions, etc. Ce sont les dogmes ou les «principes suprêmes» qui unissent tous les Américains, sans tenir compte de leur origine, ni de leur couleur. La mythologie de la conquête de l'Ouest sert de substitut à l'absence de profondeur historique. Elle permet d'entretenir l'illusion d'une innocence ontologique et de justifier les nombreuses équipées sanglantes et immorales contre le Vietnam, l'Irak… Il est remarquable que la communauté noire soit la plus rétive à accepter de se couler dans ce moule commode. Il s'agit de la communauté qui a connu l'esclavage et la ségrégation et qui est aussi la plus misérable des Etats-Unis…
ET L'ALGERIE ?
La Constitution, dans son préambule, proclame d'emblée que «Le peuple algérien est un peuple libre, décidé à le demeurer» et que «son histoire est une longue chaîne de luttes qui ont fait de l'Algérie de toujours une terre de liberté et de dignité».
Y aurait-il des peuples décidés à sacrifier leur liberté, désireux de se soumettre et de faire de leur pays une terre de servitude et d'avilissement ?
Il est pour le moins singulier de commencer la Loi fondamentale par un truisme et de faire de ce truisme le fondement de la citoyenneté. Ensuite, réduire l'histoire de l'Algérie à une «longue chaîne de luttes» peut laisser penser que cette histoire n'a pas comporté des phases de construction durant laquelle se sont exprimés des bâtisseurs, des philosophes, des poètes.
L'histoire de l'Algérie n'aurait-elle été qu'une suite de parenthèses dans les histoires de ses envahisseurs ? Voici un symbole peu propice à l'identification pour les Algériens. Comment se reconnaître dans cette définition aussi défensive, qui ne propose comme horizon que la réaction à d'éventuelles attaques ennemies mais pas d'action ?
Immédiatement après vient la proclamation du fameux triptyque «Islam, Arabité, Amazighité», défini comme étant le fondement de l'identité nationale. Ce triptyque en forme de mille-feuilles est aussi un symbole du manque d'imagination. Comment croire qu'une telle superposition avait une quelconque chance d'être intégré par la population, qu'elle soit de nature à constituer son viatique et à peupler ses rêves ? En réalité, une telle définition conduit chacun des Algériens à mettre en avant sa part du mille-feuilles au détriment des autres. La synthèse ne s'est pas faite. Le Musulman aura tendance à privilégier la fusion dans la Umma, l'arabiste dans un Baath élargi aux confins de l'Orient, le berbériste à appeler de ses vœux à un retour à la patrie originelle, en passant par l'effacement de 14 siècles de présence arabe et musulmane. Comme le montre Amin Maalouf dans son livre » Les Identités meurtrières», aucune identité n'est dangereuse en elle-même. Ce qui est dangereux en revanche, c'est l'affirmation exclusive d'une identité contre les autres. En fait, la question est de savoir si l'Algérie est un Etat-Nation ou simplement un Etat. La différence n'a rien de sémantique. Un Etat-Nation est un Etat dont les frontières politiques se confondent avec ses frontières culturelles. Une nation ne constitue pas nécessairement un Etat.Le pays basque ou la Catalogne sont reconnus comme des nations faisant partie de l'Etat espagnol. Il existe entre les membres de chacune de ces deux entités un certain nombre de points communs directement observables, la langue, la présence sur un même territoire, la soumission à une même autorité, constituants importants d'une identité collective. Ces deux régions sont soumises à une sorte de prurit nationaliste qui pousse une partie (minoritaire !) de leurs populations à revendiquer l'indépendance. Ce même prurit agite l'Ecosse, la Corse ou, dans une bien moindre mesure, la Bretagne. Mais cette revendication n'a abouti nulle part, non pas seulement du fait du refus des autorités politiques, mais de celui de la majorité des populations qui trouvent leur compte en matière de sécurité et de développement dans leur maintien au sein de l'Etat central.
La scène algérienne présente quelques similitudes avec les exemples ci-dessus. Il y a toutefois une différence de taille, en ce qui concerne l'Espagne en particulier. Ce pays a vécu dans sa chair l'affrontement sanglant entre identités concurrentes. On se souvient du bain de sang de la guerre d'Espagne, du bombardement de Guernica, du supplice du garrot qu'infligeait le pouvoir franquiste aux révolutionnaires basques et catalans. L'histoire de l'Ecosse est jalonnée des mêmes événements sanglants, même s'ils se situent beaucoup plus loin dans le passé.
Rien de tel en Algérie. Même s'il n'est pas question de taire la répression qu'ont subie les militants kabyles de la part du pouvoir central, il faut souligner que, tout en étant éminemment condamnable, elle n'a pas atteint le même degré de cruauté qu'en Espagne ou en Ecosse. De plus, l'intégration de l'Islam par la communauté originelle berbère d'Algérie s'est faite, tous les historiens en conviennent, avec une violence largement contenue. Pour preuve, les Berbères ont eux-mêmes pris le relais des Arabes pour porter le drapeau de l'Islam, notamment en Andalousie. Arabophones et berbérophones se sont également investis dans la lutte contre le colonialisme français. C'est donc que ce qui unissait les populations était plus fort que ce qui les divisait. Il n'est donc pas illogique de postuler que les éléments d'une identité collective existent. Cette identité doit transcender les différences, mais sans les nier.
Plutôt que de la définir comme une somme de caractères, il faut en extraire une synthèse qui permette la projection dans le futur. Il faut introduire une formulation dynamique de l'identité collective en définissant le peuple algérien comme «une communauté de caractère fondée sur une communauté de culture, issue d'une communauté de destin, selon la définition de l'Autrichien Otto Bauer».
Au-delà des qualifications habituelles, il faut, selon Renan, «une âme, un principe spirituel», se résumant «dans le présent par un fait tangible : le consentement, le désir clairement exprimé de continuer la vie commune.» L'attitude des Algériens face à l'adversité a toujours été de se rassembler. S'ils ont fait la guerre pour déloger les envahisseurs, c'est sans aucun doute au nom du désir de continuer cette vie commune.
Pour qui parcourt l'Algérie, il reconnaîtra sans peine, d'Est en Ouest, du Nord au Sud, l'existence d'un tempérament national, d'un caractère national,d'un sentiment national, d'une conscience nationale, catégories souvent retenues pour la définition d'une identité collective. Les constituants sont là, présents. La Nation Algérienne existe. Il faut juste la mettre au jour, sur le devant de la scène, comme l'expression d'un peuple qui aura renoué avec lui-même…
* Physicien, Université de Cergy-Pontoise
** Politologue, Université Paris-Descartes Sorbonne


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