Grand philosophe et théologien qui a toujours œuvré pour l'unité de l'Eglise, l'évêque d'Hippone est né à Thagaste (Souk Ahras) le 13 novembre 354 et mort le 28 août 430 à Hippone (Annaba). C'est à cette occasion que la basilique qui lui est dédiée dans cette dernière ville a abrité une grande messe, dédiée à sa mémoire. «Nous allons organiser une grande messe non seulement à sa mémoire mais aussi et surtout à son entrée au ciel», nous a confié mercredi le père Abdellah Raphaël, recteur de la basilique saint Augustin. Celui-ci s'attendait à ce que cette cérémonie soit marquée par la présence de plusieurs visiteurs algériens avides de mieux connaître la vie du seul père de l'Eglise dont les œuvres et la doctrine ont donné naissance à un système de pensée et dont l'influence est marquée à travers les âges. Une avidité qui, d'ailleurs, est justifiée par le nombre sans cesse grandissant de visiteurs annuellement enregistré. En effet, pour la seule année 2007, pas moins de 19 000 personnes, entre nationaux et étrangers, ont franchi le seuil de cet imposant édifice dominant la partie basse de Bône et marqué à jamais du sceau humaniste du saint des saints. 2008 sera également une année record puisqu'à la mi-août, 10 000 visiteurs ont été dénombrés, dont plus de 400 venus d'Italie, d'Amérique et notamment d'Amérique latine. Pour le père Abdellah, ce regain d'intérêt que portent ces pèlerins étrangers à la ville adoptive de saint Augustin et sa basilique où est soigneusement conservée l'une des plus importantes reliques détachées de son corps (cubitus), s'explique par l'évolution de l'ordre des Augustins à travers le monde. Fort de ses 3000 pères augustins, l'Ordre de saint Augustin (OSA) est aujourd'hui basé en Amérique latine, en Orient et en Afrique. Notre interlocuteur, qui fait partie de l'OSA de Malte auquel a été confiée depuis 1933 la garde de la basilique de saint Augustin, a toutefois tenu à souligner que la communauté des Augustins a sensiblement baissé en Europe. «Nous avons constaté que notre communauté est en sensible baisse en Europe. Le manque de vocation au sein des familles catholiques y est pour beaucoup», a-t-il indiqué. Par ailleurs, interrogé sur l'affaire Habiba, la jeune femme de Tiaret convertie au christianisme et poursuivie pour pratique sans autorisation d'un culte non musulman, le recteur de la basilique a tenu à souligner que «cette affaire avait quelque peu terni l'image de l'Eglise catholique. En traitant de cette affaire, les médias algériens ont versé dans la confusion à travers les titres et les photos d'illustration. Il y a les chrétiens catholiques, évangélistes et orthodoxes. Le but de notre présence en Algérie en tant que chrétiens catholiques est de vivre en communauté avec vous dans l'amitié, la fraternité et la charité. Le prosélytisme n'a jamais été le but de notre présence dans votre pays». Et d'ajouter : «Nous recevons certes beaucoup de vos compatriotes. Il s'agit de personnes en difficulté qui viennent nous voir pour le seul besoin d'être écoutées. Il n'a jamais été question de les influencer à se convertir au christianisme.» Interrogé également à propos de la campagne de sensibilisation engagée il y a quelques années en Europe pour le rapatriement des ossements de saint Augustin de Pavie (Italie) à l'initiative de plusieurs adeptes de l'augustinisme, le père Abdellah affirme sur un ton ironique : «Il est mieux là où il est. Nous avons son cubitus et c'est déjà un grand acquis. La vraie relique de saint Augustin, ce sont ses œuvres et ses écrits. Ils vont nous aider dans notre recherche de la vérité.»