Pour les profanes, la pollution de l'air qu'on respire est un problème que l'on classerait, volontiers, dans le canevas des préoccupations mineures des citoyens. Pour les chercheurs dans le domaine, les médecins et autres personnes conscientes de la gravité du phénomène, il s'agit d'une urgence parce qu'il y va de la santé publique. A Souk Ahras, elle a déjà atteint la cote d'alerte. Les décharges sauvages qui pullulent à travers les 26 communes obéissent, présume-t-on, à un plan de liquidation de plusieurs matières toxiques, dont quelques-unes proviendraient de quelques wilayas limitrophes. Des produits chimiques extrêmement toxiques et des produits pharmaceutiques sont brûlés du côté de la cité Ibn Rochd par des inconnus qui reprennent le chemin du retour, une fois leur mission accomplie, laissant derrière eux des nuées de fumée noir. A la cité Ahmed Loulou, des vaches laitières s'abreuvent d'eaux usées et se nourrissent d'immondices, de boîtes de conserve d'aliments périmés et de sachets noirs.Dans les autres quartiers de la ville, certains s'acharnent, à l'instar des « concepteurs » de la cité Haï Echahid, sur les arbres séculaires pour grignoter des lots épars et y ériger des annexes aux constructions. Suivra la régularisation des documents par les services concernés. A la sortie de la commune de Merahna, des camions déversent chaque nuit des quintaux de remblai, de sable, de ciment, de matériaux de construction usés, des cartons, des déchets ménagers et autres industriels pour former des montagnes de détritus où le gris s'enchevêtre de manière hideuse avec le vert de la forêt. Le pire provient des carrières. L'ouverture des chemins vers les chantiers d'extraction des matériaux de construction est souvent accompagnée de saccages du patrimoine forestier et d'une dégradation visible des lieux. La faune et la flore y sont affectées au même titre que les agglomérations avoisinantes. Les eaux stagnantes, lieu de prédilection pour les microbes et les bactéries, donc vecteur de plusieurs maladies, sont omniprésentes à travers la quasi-totalité des nouveaux lotissements où la viabilisation est réalisée sans respect aucun pour les normes. Les citoyens sont interpellés au même titre que les responsables. Quant au mouvement associatif et aux comités de quartier, il faut attendre que les chapelles partisanes se prononcent sur le sujet.