Après Kenza, voici qu'une autre chanteuse à succès fait un clin d'œil appuyé à son pays d'origine, l'Algérie. Sheryfa Luna le dit avec assurance : « J'ai le mal de l'Algérie » Sheryfa Luna se revendique Algérienne. En voilà une nouvelle ! Cette position tranchée est fascinante pour cette jeune chanteuse ex-vedette de Popstars (M6) qui a si bien marqué le monde de la variété en vendant des centaines de milliers de disques de son premier album. C'est d'autant plus remarquable que si son père est Algérien, sa mère est Française. Portée par la vague du R'n'b, son deuxième disque paru en décembre dernier, intitulé Vénus (déjà 100 000 exemplaires écoulés, selon son producteur), contient la chanson Je reviendrai dans laquelle elle clame haut et fort son attachement au pays des ancêtres. Mais quelle mouche frappe nos chanteuses d'origine algérienne, bien installées dans les classements de la variété française, pour ne pas dire dans la société ? Dans un pays où on dit que la réussite signe l'intégration absolue au pays d'accueil, Sheryfa dit simplement : « J'ai le mal de l'Algérie », avec cœur ! A 20 ans tout juste, la fière affirmation de l'affection à ses origines par cette jeune femme née en France, peut certainement faire perdre la boussole à ceux qui croient qu'être en haut de l'affiche hexagonale règle définitivement l'appartenance « unique » à la France. Apparemment, l'équation n'est pas si simple à résoudre. Les identités sont multiples et tenaces. Elle démarre sa chanson sur un semblant d'air oriental en donnant son nom ; à la manière des anciens 45 tours algériens, où le nom de la maison d'édition ou du chanteur est donné dès le début de l'enregistrement. Ensuite, le texte est vibrant d'émotion en souvenir d'Alger particulièrement. Malgré les banalités habituelles comme « les senteurs du souk, l'ambiance des rues, les balades le soir le long du port au clair de lune... », on ne peut qu'avoir un petit frisson lorsqu'elle chante : « Je n'oublie pas les visages et tous les sourires/ Je n'entends plus les rires de mes frères/ je reviendrai/ Je n'oublie pas le coucher du soleil d'Alger, ici j'n'ai pas cette vue de la mer/ Quand viens-tu dans mon pays ?/ Pour le découvrir/ Viens te faire des souvenirs ». Avec cet album, Sheryfa porte son pays comme un drapeau, ce qu'avait fait à la rentrée de septembre sa consœur Kenza qui, dans son vidéoclip, avait carrément mis un très seyant tee-shirt arborant l'emblème algérien. Les femmes sont bel et bien l'avenir de l'Algérie...