Le marché de l'immobilier connaît à Guelma, depuis les deux dernières décennies, une flambée ascensionnelle des prix. Alors que la demande de logements est en courbe ascendante, l'offre, déjà insuffisante, est entachée de spéculations, notamment dans les transactions de particulier à particulier. La répression contre la sous-location et les ventes illégales de logements sociaux, moyennant des reconnaissances de dettes et autres subterfuges, bien qu'elles fassent l'objet d'une opération d'assainissement, reste au demeurant insuffisante. Une véritable anarchie s'est installée avec le temps dans ce créneau à Guelma, où les courtiers et autres intermédiaires trouvent leur compte, très souvent au détriment des jeunes couples et des familles nombreuses cherchant un logis convenable. En effet, entre les demandes de logements sociaux, 17 000 dossiers, nous dit-on, assainis au compte-goutte par des programmes initiés par l'Etat, les personnes à la recherche d'un logement se retrouvent fatalement confrontées à deux choix : louer ou acheter, sachant pertinemment que ce dilemme concerne une frange importante de la population, dont les revenus modestes ne permettent pas d'acquérir en toute propriété un appartement. Pour ce qui est du parc existant à Guelma, les derniers chiffres de l'Office de promotion et gestion immobilière (OPGI) indiquent l'existence de quelque 21 000 unités, dont 17 171 logements socio-locatifs et 3 800 autres acquis en toute propriété. Le plan quinquennal 2005-2009, pour sa part, devrait booster le parc d'un objectif à réaliser de 5 455 unités pour les logements socio-participatifs (LSP), 5 700 en socio-locatifs et enfin 8 811 pour le logement rural, soit au total 19 966 logements avant la fin 2009. De ce fait, un simple calcul d'épicier ferait ressortir que l'offre en logements pourrait dépasser la demande. Contre toute logique, il n'en est rien, puisque les taux d'avancement des travaux, confiés à une cinquantaine de promoteurs, notamment ceux du LSP, traînent la patte depuis. Une situation décriée au niveau l'imposant POS sud de la ville de Guelma devant accueillir près de 5 000 logements. Ainsi, la spéculation dans l'immobilier trouve un terreau des plus fertiles à Guelma. Et pour preuve : un appartement, situé dans la cité Aïn Defla, blocs HLM datant des années 1980, valait en toute propriété, il y a une dizaine d'années, 1,5 à 2 millions de dinars. Aujourd'hui, il frise les 3 millions de dinars. Pire encore, les logements HLM de la cité Bensouilleh, datant des années 1970, tenaient le bas du pavé ; les propriétaires désireux vendre ou louer ne trouvaient guère d'acquéreurs. Aujourd'hui, les vieux F3 sont négociés à plus de 2 millions de dinars. C'est le souk ! Quant au must des logements, la cité du 8 Mars demeure, à ce jour, une référence à Guelma. Les logements de type F5 avoisinent les 5 millions de dinars. Il est vrai, nous dit-on, que la proximité du centre-ville et les disponibilités des commodités (hôpitaux, transports, pharmacies, médecins, administrations, etc.) influent sur les prix des logements. Néanmoins, il n'existe pas, dans l'absolu, des critères fixant la valeur des logements. En clair, c'est le souk ! A ce sujet, Nourdine Merouche, le premier agent immobilier installé à Guelma, nous donne son point de vue : « À partir de l'année 1990, la venue des agences immobilières à Guelma devait, sans intervenir dans le prix des logements, se charger de toute la procédure en devenant mandataire officiel d'un mandant (vendeur-acheteur pour échange ou location), mais également elles sont les seules à pouvoir prospecter officiellement dans le marché de l'immobilier, en proposant aux potentiels acquéreurs les offres de location ou de vente. » Et d'ajouter : « Bien évidemment, un contrat, dûment établi, est signé entre mandant et mandataire définissant les obligations de chacun. Bien que les agences immobilières soient les seules à être habilitées à afficher des offres de vente ou d'achat, il est fréquent de trouver dans les magasins ou cafés des affiches d'offres de vente. A ma connaissance, cette pratique est strictement interdite. » D'autre part, une jeune mariée, habitant avec ses beaux-parents et que nous avons rencontrée, déclare : « Nous ne pouvons pas acheter un logement, ni même souscrire dans le cadre du LSP ; nos économies ne nous le permettent pas. Néanmoins, nous cherchons à louer à Guelma-ville ou à n'importe quelle commune avoisinante. Nous sommes prêts à payer 8 000 DA le mois et certainement pas les 12 000 DA que nous demandent beaucoup d'intermédiaires et spéculateurs indélicats ».Quoi qu'il en soit, et jusqu'à preuve du contraire, ce ne sont pas la dizaine d'agences immobilières à Guelma, ni même les institutions de l'Etat qui pourront mettre de l'ordre dans le marché de l'immobilier.