Photo : Riad Par Smaïl Boughazi La loi de finances complémentaire 2009 a apporté du nouveau en matière d'encouragement à l'accession au logement. Même si les textes d'application n'ont pas encore été publiés, la question du logement mérite une attention particulière et revêt un caractère crucial dans la mesure où tout développement économique dépend d'une stabilité sociale.Ainsi, cette question reste l'un des objectifs principaux de toute politique gouvernementale en Algérie, puisque, durant les dix dernières années, tous les efforts étaient concentrés sur la résolution de cet épineux problème. Pour en revenir à la LFC 2009, celle-ci a prévu une exonération de l'IRG au titre des loyers des locaux collectifs à usage d'habitation d'une superficie n'excédant pas 80 m2. Une disposition qui vise à augmenter les offres de location et à contribuer à la baisse des prix des loyers. En outre, la même loi autorise «le Trésor public à accorder des prêts aux fonctionnaires pour leur permettre l'acquisition, la construction ou l'extension d'un logement». Dans le même chapitre, elle a prévu aussi la bonification par le Trésor public des taux d'intérêt des prêts accordés par les banques pour l'acquisition d'un logement collectif aux bénéficiaires dont les revenus ne dépassent pas un niveau de revenu fixé par référence au Snmg dans le cadre de la voie réglementaire. A la lumière de ces nouvelles mesures, force est de constater que les pouvoirs publics misent beaucoup plus sur le parc locatif qui demeure sous-exploité et aux mains des spéculateurs. En fait, le dernier recensement réalisé, en 2008, a fait ressortir que plus de 1,5 million de logements sont inoccupés. Bien que les statistiques n'aient pas précisé les raisons de cette situation, il faut dire tout de même que ce nombre peut être une opportunité inouïe capable à lui seul de résoudre une partie du problème, même si l'on n'enregistre pas une grande mobilité de la population comme par ailleurs de par le monde. Ce qui signifie que les Algériens tiennent énormément à leur stabilité. Toutefois, outre les incitations du gouvernement, il faut mettre sur la liste des insuffisances également le manque d'organisation qui caractérise les agences immobilières de l'avis même des professionnels. Ces derniers montent au créneau à chaque occasion qui se présente pour appeler à une meilleure régulation du parc locatif. Mais, en plus du parc locatif qui reste sous l'emprise de parties invisibles, la spéculation dans l'immobilier est considérée, en dépit des encouragements de l'Etat, comme le facteur number one de cette désorganisation. Il est de notoriété publique que les prix pratiqués actuellement sur le marché peuvent être comparés à ceux existant même dans des villes européennes. Certes, le marché de l'immobilier dépend de l'offre et de la demande, néanmoins, certains diront que la forte demande ne justifie guère de tels prix mirobolants. La spéculation reste, ainsi, maîtresse des lieux en attendant des mesures pouvant à terme endiguer la spéculation. Le gouvernement a, par ailleurs, tenté de peser de tout son poids en supprimant les crédits à la consommation pour inciter les demandeurs de logement à se rabattre sur les différentes formules déjà en vigueur. Néanmoins, selon certains professionnels, même en supprimant les crédits à la consommation, l'acquisition d'un logement reste un luxe pour une bonne partie des différentes couches de la population. Sur un autre registre, la stratégie prônée par le gouvernement s'est traduite par une panoplie de formules qui ont enregistré, il faut le dire, des résultats satisfaisants. En chiffres, les décaissements effectués par la Caisse nationale du logement (CNL) sur l'ensemble de la période 1999-2008 ont atteint 880,78 milliards de dinars destinés au financement des différents types de logement, selon les responsables du secteur. Ces financements ont connu une courbe ascendante, ce qui est logique puisque les différents programmes totalisent pas moins d'un million de logements. C'est ainsi que les financements sont passés de 57 milliards DA en 2002 à 98 milliards DA en 2005 et 136 milliards en 2008. Pour l'année en cours, on prévoit des financements pouvant atteindre 147,3 milliards DA. Toujours selon les chiffres fournis par le ministère, le logement social locatif a mobilisé plus de 45% de ces financements avec un montant de 62 milliards DA, suivi du logement rural qui a bénéficié de 31% des décaissements, soit plus de 42 milliards DA. Quant à la location-vente, cette formule représente un peu plus de 9%, soit quelque 13 milliards DA. La CNL a, dans ce cadre, versé quelque 101 000 aides individuelles directes et près de 150 000 aides pour le logement collectif, principalement aux wilayas d'Alger, de Boumerdès et de Tizi Ouzou, pour un montant supérieur à 54 milliards DA. Outre le million de logements qui seront construits d'ici à 2014, l'Etat va réceptionner cette année pas moins de 1,1 million de logements. Selon le chargé du secteur, les projets réalisés en 2008 sont de l'ordre de 220 843 unités, auxquels s'ajoutent 225 492 autres, dépassant ainsi les objectifs du secteur pour cette année, fixés à 93%. Durant cette année, sur les 530 573 logements en cours de réalisation, 275 504 devront être livrés durant la même année, alors qu'une troisième tranche constituée de 224 030 logements sera lancée au cours de l'année 2009. A travers toutes ces statistiques, il semblerait que seule la construction pourrait mettre un terme à tous les fléaux qui caractérisent le secteur, notamment celui de la spéculation.