Pommier, poirier, abricotier, nèflier, figuier, grenadier, olivier, de la vigne aussi et du blé, du maïs et d'autres produits en plasticulture. On n'est pas dans l'une des plaines fertiles du « Tell » mais dans la « hamamda » de Tindouf. Ici, à une vingtaine de kilomètres au nord de la ville, au lieu-dit Grayer el Harth, Tahar Rachid, un des exploitants agricoles, est parvenu, en quelques années, à charmer la terre qui, à son tour, lui a dévoilé toute sa générosité. Un miracle ? « Non, cette terre ne demande qu'à être travaillée, entretenue, tout peut pousser », explique-t-il. C'est là tout le secret de son charme. Certes, ce n'est pas un travail de tout repos, certes, il faut braver les conditions climatiques du désert, mais les fruits (au sens propre aussi) sont là. On a goûté à l'abricot, on a vu les pommes et les poires encore vertes, des grappes de raisin. « C'est du muscat », dit-il en montrant des ceps dont il projette en couvrir 7 ha. Le grenadier était en fleurs. Du pain fait maison avec le blé moissonné sur place et de la pastèque. « Les pastèques qui se vendaient en mars au marché de Tindouf viennent de cette terre, certaines ont atteint jusqu'à 22 kg », dit avec fierté Rachid en se désolant sur les prix pratiqués par les commerçants : « Je leur ai vendu à 70 DA le kilo et ils ont revendu à 500 DA ». Le melon, qui atteint 2,5 à 3 kg, accuse un peu de retard. « Ces deux dernières années ont été un peu froides, d'habitude, il ne dépasse pas le mois de mai ». Le maïs est plus productif ici qu'à Adrar, il donne plus d'épis, selon ce jeune exploitant qui, au fur et à mesure, se révèle être un vrai connaisseur. Pour atténuer les effets du vent, des haies de roseaux clôtureront chacun des 18 hectares qu'il compte mettre en valeur pour élargir son exploitation. On apprendra que cet exploitant, qui a bénéficié de 4 ha en 2004 dans le cadre de la mise en valeur de ce périmètre de Grayer el Harth –« grayer, c'est le pluriel de grara qui signifie terre cultivable »- a depuis élargi son exploitation et attend d'être régularisé. Les résultats auxquels il est parvenu en cette courte période ne peuvent que plaider en sa faveur. Le wali, qui s'est rendu sur les lieux vers la mi-mai, a constaté de visu ces résultats et lui a laissé entendre que cela ne devrait pas poser de problème : « Ce qui compte, c'est le travail, continuez à travailler et la régularisation viendra après ». Dans cette sorte d'Eldorado, cependant, l'exploitant se trouve confronté à deux problèmes : l'eau et la main-d'œuvre agricole. Il demandera, lors de la visite du wali, une autorisation pour un 2ème forage. « J'ai creusé un puits qui m'a coûté 55 millions de cts sans bénificier d'aide et l'eau manque ces derniers temps ». Interrogé sur la création de postes d'emploi, Rachid dit que cela dépend des périodes mais qu'il est difficile de trouver la main-d'œuvre agricole à Tindouf. La plupart de ceux qui ne réchignent pas à travailler la terre viennent d'autres wilayas du pays, et surtout d'Adrar. « Les jeunes d'ici ne veulent pas travailler malgré les salaires proposés », affirme l'exploitant. En plus de la restauration, et pour certains l'hébergement, le dernier des employés perçoit 12 000 DA et les qualifiés atteignent jusqu'à 25 000 DA. Rien que ça ! De quoi rendre vert de jalousie pas mal de salariés !