Projets n A l'extrême ouest, encore des travaux, des désagréments. Ici, c'est le méga-projet de l'autoroute Est-Ouest qui démarre. De vastes surfaces de vignoble qui donnent les fameux «Coteaux de Tlemcen» sont sacrifiées. Le cortège du secrétaire général du FLN qui se rend d'Adrar à Béchar en ce dimanche 13 mai est soudainement contraint de quitter la RN6 pour arpenter une déviation improvisée. Sur une piste de sable au cœur de l'Erg occidental, les pauvres voitures se mettent à se plaindre sans discontinuer. Seuls les 4x4 de la gendarmerie semblent tenir le coup. Un épais nuage de poussière ne tarde pas à se former rendant la visibilité quasiment nulle. Dehors, la chaleur est intenable. «Nous sommes dans le Triangle de feu qui englobe l'espace situé entre Adrar, Aïn Salah et Aïn M'guel», nous dit Mustapha, le chauffeur, qui n'est autre que le fils de la tête de liste du FLN dans la circonscription d'Adrar. Une réputation point usurpée. Renseignement pris, la Nationale a été coupée à la circulation sur une dizaine de kilomètres pour cause de travaux de réfection. «Le pays est devenu un vaste chantier à ciel ouvert», répétait Belkhadem à chacun de ses meetings électoraux. Façon de défendre le bilan de son gouvernement. A Sétif, Oran, Béchar, Médéa, Djelfa et bien d'autres villes, il met en avant les grands projets de développement engagés et la conséquente enveloppe financière débloquée : 155 milliards de dollars. Et il tient là la preuve que le fameux «plan de soutien à la relance» a touché l'ensemble des régions du pays. Même les plus reculées. Quitte à faire dix kilomètres sur une piste de sable au cœur du Sahara. Ce n'est pas chèrement payé. Partout, les mêmes images. «Nier les avancées réalisées ces dernières années relèverait de la mauvaise foi», disait-il encore. A l'extrême ouest, encore des travaux, des désagréments. Ici, c'est le méga-projet de l'autoroute Est-Ouest qui démarre. Le cortège est contraint de ralentir continuellement. De vastes surfaces de vignoble qui donnent les fameux «Coteaux de Tlemcen» sont sacrifiées. Les effets du Plan national de développement agricole sautent aux yeux. Dans des zones semi-arides ou carrément désertiques, à Djelfa, Laghouat, M'sila, Biskra, des prairies verdoyantes, des oliveraies à la symétrie impeccable et des vergers de pommiers en fleurs s'étendent à perte de vue. A Bou Saâda, invités à déjeuner dans une exploitation agricole, les membres de la délégation n'en reviennent pas. Ils n'ont d'yeux que pour ces serres merveilleusement alignées, ces jeunes oliviers dont la floraison présage d'une récolte record et ces vignes qui vous font oublier que vous êtes aux portes du plus grand désert au monde. A l'ombre d'un grenadier, un membre du staff, dont nous tairons la fonction, entame les tractations pour éventuellement bénéficier d'une parcelle. Les vieux réflexes ont la peau dure. Quelque part entre Bou Saâda et Biskra, des tubes au diamètre surdimensionné sont entassés. Sûrement un projet d'adduction. Il n'y a pas que les Algérois qui boiront l'eau du Taksebt. Ces hameaux perdus profiteront eux aussi des bienfaits du barrage de Khermame qui empêche désormais les eaux de l'oued du même nom de se perdre dans le sable. Assurément, Belkhadem n'a pas tout à fait tort de ressasser à chaque fois que le pays est un vaste chantier. Sauf qu'il oublie de préciser qu'il l'est, en grande partie, grâce aux largesses de la Providence. Et les grandes raffineries d'Arzew et ce petit champ de gaz à Tasabit, à une vingtaine de kilomètres au nord d'Adrar, sont là pour départager Dieu et César…