Selon le wali de Béjaïa, 67 villages (sur un total de 1092 villages que compte la wilaya) sont demeurés isolés jusqu'au milieu de l'après-midi d'hier du fait des routes bloquées par la neige. On ignore tout sur leurs besoins immédiats. Après l'ouverture de Beni Djellil en fin d'après-midi d'hier, deux chefs-lieux de commune au moins restaient à ouvrir. Il s'agit de Taourit Ighil et M'sicna. Les engins publics devront dégager encore plusieurs kilomètres de routes noyées dans la neige et qui mènent vers ces localités et à leurs villages. Les pouvoirs publics promettent de « libérer » ces dernières d'ici à demain, selon le wali, Rachid Fatmi, qui est intervenu sur les ondes de la radio locale qui émet à « demi-voix », l'émetteur d'Akfadou n'étant toujours pas rétabli. Une cellule de crise a été mise sur pied au niveau de la wilaya et est restée malheureusement avare en informations comme la plupart des services de l'administration. On saura d'une source non vérifiée que 300 victimes d'accidents dus essentiellement aux chutes et glissades ont consulté les différents services sanitaires de la wilaya. A Kendira, parce que la route étant fermée, une femme sur le point d'accoucher a été transportée à pied par des villageois jusqu'à la route nationale où un véhicule a pu l'évacuer vers l'hôpital d'Amizour. La parturiente aurait perdu son bébé du fait du froid glacial lors de son transfert du village. Rapportée par une source locale, l'information n'est pas confirmée par le responsable de l'hôpital d'Amizour. Beaucoup de citoyens sont restés coincés donc dans leur village. L'état des routes établi journellement par la gendarmerie mentionne que quelques chemins de wilaya et communaux restaient à ouvrir et que les principaux axes routiers ont été débloqués mais sont difficiles à la circulation. La RN12, dans son axe qui part d'Adekar vers la wilaya de Tizi Ouzou, des hauteurs où la neige a atteint 1,5 m d'épaisseur, n'est toujours pas ouverte à la circulation automobile. Les engins de travaux publics tentent tant bien que mal de déneiger des routes que des couches de neige ont obstruées. La situation est d'autant plus pénalisante que l'approvisionnement en gaz butane a causé un sérieux problème aux populations dont l'urgence de la demande a bien servi les intérêts de quelques commerçants qui ont spéculé sur le prix du gaz et d'autres produits de consommation. Le nouveau prix officiel de la bonbonne de gaz a quadruplé et celle-ci est devenue un produit rare. Selon les responsables de Naftal qui rassurent sur la suffisance de la production en gaz butane pour toute la wilaya, une quinzaine de camions a vainement tenté d'alimenter des villages dont les accès sont difficiles. Des mesures de facilitation (sans consigne) viennent d'être prises pour permettre aux communes de se servir en gaz butane à partir du centre de Béjaïa. La même contrainte de routes coupées a fait que des centaines, voire des milliers de foyers ne disposent toujours pas de courant électrique et, partant, d'eau courante dans certains endroits. Boudjellil, Beni Mansour, Tazmalt, Beni Djellil, Boukhelifa, Akfadou, Ifri-Ouzellaguen, Tichy,... demeurent, totalement ou partiellement, dans le noir.