Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a décidé d'indemniser toutes les familles des terroristes abattus durant la décennie noire. La décision, prise au début du mois de janvier dernier, concerne 17 000 familles. C'est ce qu'a annoncé le président de la cellule d'assistance juridique pour la mise en œuvre de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, Merouane Azzi. Intervenant hier au Forum du quotidien El Moudjahid, le conférencier communique le bilan partiel de cette charte et les contraintes auxquelles ont fait face ceux qui ont été chargés de l'opération d'indemnisation des victimes de la tragédie nationale. Selon lui, la décision présidentielle, prise conformément à l'article 47 de la charte en question, qui confère toutes les prérogatives au chef de l'Etat de prendre des décisions nécessaires pour consolider la réconciliation nationale, est intervenue pour résoudre un problème posé dans le cadre de l'indemnisation de ces familles. « Au début du traitement de ce dossier, il a été décidé que seules les familles ayant des revenus inférieurs au SNMG ouvrent droit à une prise en charge. Le nombre de familles qui répondent à ce critère était de 7000. Mais les 10 000 familles restantes se sont plaintes », explique-t-il. L'intervention du chef de l'Etat, ajoute-t-il, a pour objectif de résoudre définitivement cette question. « Le président Bouteflika a décidé d'indemniser toutes les familles sans exception. Aujourd'hui, 10 000 familles ont reçu des aides de l'Etat », annonce-t-il. L'opération d'indemnisation des victimes, entamée il y a trois ans, a rencontré également à un autre écueil. Il s'agit, selon lui, des personnes qui ne sont pas concernées par le texte de la charte et qui demandent réparation. « Ces individus ne font partie ni des familles des disparus ni de celles des terroristes. Malgré cela, le président de la République a pris la décision de les indemniser. 4000 personnes ont bénéficié de cette mesure », indique-t-il. La majorité des dossiers des disparus, ajoute-t-il, a été également traitée. Sur les 6500 familles recensées, 6000 ont accepté les indemnités qui leur sont proposées. « Il ne reste que 400 à 500 familles qui les ont rejetées. Certaines d'entre elles insistent toujours sur leur droit à la justice et les autres n'ont pas eu les PV certifiant la disparition de leurs proches », estime-t-il. Revenant sur la question des travailleurs licenciés, l'orateur affirme que « leurs dossiers ont été étudiés ». « Il y a toutefois des cas où l'intégration de ces victimes dans le monde du travail était difficile à cause de l'absence des casiers judiciaires vierges. Ce problème sera réglé. Il y a de nouvelles dispositions qui vont annuler l'exigence de ce document pour l'accès à l'emploi », déclare-t-il. Des statuts particuliers pour Hattab et El Para ? Outre les dossiers liés à l'application de la charte, le traitement de ceux des autres catégories de victimes de la tragédie a aussi posé problème. En effet, les enfants nés dans les maquis, les femmes violées par les terroristes, les personnes emprisonnées au Sud et les militaires blessés dans le cadre de la lutte contre le terrorisme ont été occultés par la charte. Selon Merouane Azzi, la cellule a remis un rapport au président de la République pour la prise en charge de ces catégories. Saluant la décision du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, de prendre en charge les militaires blessés dans le cadre de la lutte antiterroriste, Merouane Azzi dément les informations selon lesquelles les repentis ont reçu des sommes d'argent. « Aucun repenti n'a été payé pour sa reddition. Ils ont bénéficié du filet social et des dispositifs de pré-emploi », soutient-il. Interrogé sur le statut de Hassan Hattab et de Abderrazak El Para, M. Azzi se montre évasif. Selon lui, ces deux chefs terroristes collaborent avec les services de sécurité. « Les autorités ont adopté deux stratégies : d'un côté, il y a la lutte contre les terroristes récalcitrants et de l'autre, elles tentent de les convaincre d'abandonner les activités terroristes », précise-t-il. Et d'ajouter : « Hassan Hattab a abandonné ses activités terroristes avant l'expiration du délai de la charte. Sa situation est à l'étude actuellement. Il revient aux hautes autorités du pays de trancher son cas », conclut-il.