Tout en estimant que les mesures en question étaient nécessaires pour rattraper « une ouverture tous azimuts » exagérée, l'économiste Réda Amrani pose le problème de « la stabilité juridique » qui est un préalable pour tout investisseur étranger. L'Algérie prend-elle des risques en changeant fréquemment ses lois ? De nombreux experts estiment que les dernières instructions du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, sur les investissements collent à l'Algérie, qui a longtemps été boudée par les investisseurs étrangers qui évoquaient la dégradation de la situation sécuritaire, la réputation de pays où la sécurité juridique n'est pas garantie. Ainsi, l'économiste Réda Amrani, tout en estimant que les mesures en question étaient nécessaires pour rattraper « une ouverture tous azimuts » exagérée, pose le problème de « la stabilité juridique » qui est un préalable pour tout investisseur étranger. Il considère néanmoins que ces mesures mettront un terme à ce qui s'apparente, selon lui, à une dilapidation de la rente pétrolière. Il évoquera pour étayer ses dires l'expérience d'ArcelorMittal dont l'arrivée sur le marché algérien n'a eu aucune valeur ajoutée, alors que ce groupe indien a bénéficié de toutes sortes de facilités. « On importe 90% de notre acier », a-t-il noté à ce propos. « C'est cette politique qui a fait que nous avons 30 000 importateurs et seulement 200 exportateurs », a-t-il constaté. Maître Ahmed Réda Boudiaf, juriste et avocat, a fait pour sa part un violent réquisitoire contre les instructions en question qui, relève-t-il, ne sont pas conformes au principe « du parallélisme des formes ». « Ce n'est pas normal dans un pays qui se revendique un pays de droit de remettre en question des dispositifs législatifs par des instructions, alors qu'on peut légiférer autrement. Une circulaire ne peut pas remplacer une loi », fait-il valoir. « Les investissements directs étrangers sont epsilon mais il faut s'interroger pourquoi », poursuit-il. Avant d'enchaîner : « Parce qu'il y a la corruption, les passe-droits, l'instabilité juridique. L'investisseur n'est pas un philanthrope. » Pour M. Amrani, l'absence d'organisations professionnelles influentes a précipité la décadence du tissu industriel algérien laissant le champ libre aux investisseurs étrangers. « Ce n'est pas à l'Etat ou aux fonctionnaires de négocier les partenariats. C'est aux entrepreneurs et aux associations professionnelles. Si on avait des associations dans le secteur du textile et des chaussures, celles-ci auraient évité la fermeture des usines », explique-t-il. Le représentant de l'Agence nationale de soutien à l'emploi de jeunes (Ansej) a insisté pour sa part sur l'importance d'investir dans la formation et dans l'entreprenariat afin d'introduire la culture à entreprendre dans le pays.