Il semble bien, et cela est l'avis de quelques experts nationaux, qu'il y a manque de visibilité et de cohérence dans la politique actuelle du gouvernement. Dans une note envoyé, hier, à notre rédaction, l'économiste algérien Abderrahmane Mebtoul a estimé que l'Algérie n'est ni dans une économie de marché véritable, ni dans une économie administrée. Selon lui, l'économie administrée et l'économie de marché concurrentielle dans le cadre de l'interdépendance mondiale, ont chacune leurs propres règles de fonctionnement. "Cela explique, également , que les dépenses monétaires 2004/2009 de plus de 200 milliards de dollars n'ont pas été proportionnelles aux impacts économiques et sociaux reflété par ce slogan " l'Algérie un Etat riche " mais une population de plus en plus pauvre, avec un gaspillage croissant des ressources financières et une concentration excessive des revenus au profit des tenants de la rente" a-t-il déclaré. Une véritable cacophonie qui a porté, selon l'économiste, un large préjudice à l'Algérie tant au niveau interne qu'externe "qui a fait dire à certains qu'il n' y a plus de pilote à bord sur le plan économique et il ne faut pas s'en réjouir". C'est dans ce contexte qu'Abderrahmane Mebtoul a rédigé huit questions relatives à la crise financière, au programme de développement, aux réserves de change ou encore aux réformes, qu'il compte poser directement au gouvernement. La première question a, donc, trait à la crise financière qui touche l'Algérie qui, niée auparavant par les officiels, ont fini par se rétracter. Mebtoul se demande alors si le retour à l'étatisme des années 70 et le blocage des réformes vers l'économie de marché, qui en réalité ne sont pas encore réalisées, sont la solution miracle ?. L'économiste se demande, également, dans sa deuxième question, si le pays peut financer un programme de développement face à la chute des cours des hydrocarbures, sachant que 98% des recettes en devises de l'Algérie proviennent essentiellement des hydrocarbures. " Cette décroissance de l'économie mondiale n'a-t-elle pas des répercussions sur la demande et donc les recettes du pays ? " se demande l'économiste, notamment quand on sait que le dollar représente plus de 60% des transactions mondiales, alors que nos importations se font pour 60% en euros.Pour Mebtoul, l'Algérie n'a pas mesuré l'impact du rendement de ses réserves de change estimées à environ 144 milliards de dollars avec l'actuelle politique des Banques centrales qui octroient un taux d'intérêt zéro et négatif avec l'inflation. "Comment résoudrez-vous le problème du financement en ayant une vision de développement et non une vision purement commerciale et monétaire dans un univers mondialisé en perpétuel bouleversement ?" se demandera l'économiste dans sa troisième question. Concernant, par ailleurs, les réformes nécessaires engagées par l'Etat durant la période 2009-2014, la quatrième question que pose Mebtoul est relative au financement des ces réformes, pour la production et l'exportation hors hydrocarbures loin des discours et la nécessaire cohésion sociale (lutte concrète contre la corruption) et surtout la mise en œuvre d'une politique salariale cohérente privilégiant les emplois créateurs de valeur ajoutée et non les emplois rentes. La place de l'Algérie en termes d'avantages comparatifs socioéconomiques au sein notamment de l'espace euro- méditerranéen et arabo- africain, est la cinquième question de l'économiste, qui se demande où en est la concrétisation de l'accord de libre-échange avec l'Europe applicable depuis le 1er septembre 2005 , ou encore l'adhésion à l'OMC. La bonne gouvernance qui, selon l'économiste, conditionne tout le reste, à savoir la refonte de l'Etat, la lutte contre la bureaucratie et la corruption, la bonne vision stratégique de l'avenir du pays, et la volonté politique, constitue, par ailleurs les trois dernières questions que l'économiste a voulu mettre en exergue. " Le blocage n'est-il pas systémique avec la prédominance du comportement rentier et le dépassement nécessaire de toute société anomique comme l'a montré brillamment le grand sociologue Ibn Khaldoun sur le cycle de décadence des sociétés, et cela n'implique t-il pas une gouvernance rénovée? " conclut Mebtoul. Lotfi.C