Le tiers payant, le dispositif mis en place en 2000 par la CNAS pour alléger les procédures de remboursement, notamment pour les malades chroniques, et par la même occasion réduire les frais qu'elles occasionnent, a montré de nombreuses imperfections. C'est de notoriété publique maintenant que les magouilles qui lui sont associées sont nombreuses et substantiellement rémunératrices. Une affaire de ce genre défraie actuellement la chronique à El Tarf. Un médecin, qui jouit d'une excellente réputation à El Kala et le vendeur en pharmacie de l'Endimed à Oum Tboul, ont été présentés, samedi dernier, au procureur de la République d'El Kala qui les a placés en détention préventive. Cela, à la suite d'une plainte déposée par la CNAS qui a demandé l'ouverture d'une enquête pour des remboursements suspects. Dans un premier temps, la CNAS avait relevé des ordonnances douteuses parce que répétitives. Elle fait alors convoquer onze des assurés qui se sont théoriquement fait délivrer ces ordonnances et, parmi eux, le président de l'APC d'El Aïoun. Tous affirment n'avoir jamais rencontré le médecin qui a délivré ces ordonnances. Des investigations plus poussées font apparaître qu'en moins de trois mois (mars, avril, mai), plus de 50 ordonnances du même type ont été délivrées et fait l'objet de remboursements évalués à plus de 200 000 DA. Le médecin se défend d'avoir trempé dans une telle magouille. Pour lui, il n'est pas question de vérifier l'identité d'un malade à qui il délivre une ordonnance. C'est juste, confirment ses collègues. Mais, rétorque la CNAS, avec 50 ordonnances du même lieu en moins de trois mois, il aurait pu se douter de quelque chose s'il n'y avait pas de mauvaises intentions. En revanche, pour le vendeur, il n'y a pas d'excuse. Sa responsabilité est totale. On croit savoir qu'il a pu disposer d'un important stock de vignettes de médicaments très chers. L'affaire est en instruction. Le directeur du contentieux de la CNAS à Dréan nous a déclaré que si, en créant le dispositif du tiers payant, les pouvoirs publics étaient animés de bonnes intentions, notamment à l'égard des malades chroniques, les pratiques frauduleuses, auxquelles s'adonnent aussi bien des médecins, des vendeurs en pharmacie, des pharmaciens que des assurés détenteurs de carte, ont vidé de tout sens cette grande mesure sociale. Le dispositif du tiers payant a accentué le déséquilibre de la CNAS, conclura-t-il.