La démarche dans sa totalité, coûts d'appareillages importés ainsi que l'intervention chirurgicale, est prise en charge par les pouvoirs publics, apprend-on d'un parent d'une implantée. Si l'engagement décidé en haut lieu s'est amplement manifesté dans ce sens, la gestion de l'après-phase d'implantation, selon des échos recueillis, n'a pas suivi la même cadence. «La rééducation de ces cas peut s'étendre jusqu'à trois ans et plus, mais au-delà, ils ont droit à une scolarité qui devra tenir compte de leurs capacités. Cette implantation leur a offert une passerelle pour accéder à l'univers des sons et plus tard celui des sens. Cela ne servira pratiquement à rien de leur permettre cette possibilité sans les suivre selon les normes», explique le docteur Nouas, psycho-orthophoniste exerçant au service ORL de l'hôpital Frantz Fanon. Il est à signaler que l'hôpital en question assure des séances de rééducation pour ces 48 implantés, mais selon cette psycho-orthophoniste, sur le plan pédagogique, le volume horaire est très insuffisant, tout en précisant que la rééducation est aussi une responsabilité partagée avec les parents. Sur un autre plan, il faut, d'après cette spécialiste, faire la différence entre un mal-entendant et un cas de surdité profonde. «On ne peut pas intégrer ces cas dans des classes normales ou même avec les malentendants. Les capacités d'acquisition des uns et des autres sont démesurément disproportionnées. Cela va les affecter sur le plan psychologique.» Une centaine de dossiers ont été sélectionnés au niveau du CHU Frantz Fanon et attendent l'implantation. D'autres cas, moins graves, seront, selon le docteur Nouas, orientés vers la prothèse auditive. Contacté dans ce contexte, le directeur de l'action sociale, nouvellement installé, affirme ne pas avoir pour le moment toutes les données nécessaires pour répondre à nos questions. En l'état actuel, seule l'école publique des sourds-muets de Ben Achour assure un cursus «d'enseignement» régulier tout au long de l'année, mais aucun handicapé n'est scolarisé en deçà de six ans. Toutefois, cet établissement n'est pas tout le temps la destination privilégiée puisque, selon le parent d'une patiente, ce dernier forme surtout dans les langages de la gestuelle. «Pour les implantés cochléaires, pouvant percevoir des sons, il serait criminel de la part de la société de ne pas s'impliquer de façon plus concrète pour leur apprendre l'usage de la parole», relève ce parent. Une opération d'implantation cochléaire coûte environ 200 millions de centimes, ce qui rend les efforts consentis en direction de cette catégorie d'autant plus louable que cette action est d'envergure nationale. Cet investissement conséquent, en direction de ces enfants figés dans les «ténèbres du silence», ne sera efficient que si, à l'autre bout des efforts, ces âmes fragiles apprendront, mais surtout sauront dire et comprendre ce que parler veut dire.