L'artiste Claude Viseux qui vient de décéder dans le sud-ouest de la France, à l'âge de 81 ans, a pour l'Algérie une importance toute particulière. Ce peintre devenu sculpteur vers ses trente ans, est un adepte des recherches les plus novatrices dans son domaine, comme d'autres grands sculpteurs de sa génération, César, Féraud ou Tinguély. Il travaille très tôt le matériau de l'inox dans lequel il excelle. Pour cela, il animera longtemps l'atelier de sculpture monumentale des Beaux Arts de Paris et reçut le prix Anton Pevsner. Ses œuvres abstraites sont loin de tout esprit narratif ou anecdotique, encore plus de toute démarche propagandiste. Tout entier dans son art, il fut aussi tout autant solidaire du combat des Algériens pour l'indépendance. Des œuvres de 1957 témoignent déjà, à leur manière, contre la guerre coloniale, dont Concentrationet Mutilation qu'il offre à l'Algérie en 1964, et dont les titres sont hautement évocateurs. Claude Viseux est également l'un des 121 signataires du Manifeste pour le droit à l'insoumission qui fit scandale en France en mettant le pouvoir face à la contestation de ses élites. Il fut également l'un des organisateurs à l'indépendance du don d'œuvres au peuple algérien, dotant le pays d'une très belle collection d'art moderne. L'une des œuvres du sculpteur a été montrée à Alger lors de l'exposition Les artistes internationaux et la Révolution algérienne tenue au MAMA en avril-mai 2008. Déjà malade, il ne put se déplacer, mais nous fit parvenir des documents complémentaires pour aider à la réussite de l'évènement. Cette dernière exposition à Alger a été un hommage à ses qualités d'artiste et à l'homme qu'il fut dans toute la plénitude de sa conscience.
