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L'évadé devient un baron de la drogue
Recherché par Interpol pour banditisme
Publié dans El Watan le 30 - 05 - 2009

Saïd l'émigré » est un nom qui restera à jamais gravé dans la mémoire des habitants du quartier de Mohammadia, ex-Lavigerie, à l'est d'Alger. En six années seulement, il a érigé un véritable empire, en achetant plusieurs biens immobiliers, à deux, trois, voire quatre fois leur valeur réelle. Tout le monde ici sait que les activités de Saïd l'émigré, de son vrai nom Ahmed Yousfi Saïd, suscitent des interrogations.
Sa petite société d'importation de fruits ne pouvait, en un temps aussi court, lui rapporter autant d'argent, généreusement dépensé dans les achats de cadeaux de mariage, de véhicules, d'appartements, de villas, de terrains, de bijoux, de mobiliers luxueux, mais aussi dans les travaux de remplacement du goudron de la chaussée qui entoure et mène vers sa somptueuse villa, par de la pierre noble. Peinte en vert clair et composée de trois étages et d'un hammam avec sauna, sa villa que les riverains appellent « el villa chabba » (la belle villa) surplombe la rue Ali Azzouz, où se trouve le foyer d'accueil des orphelins. Plusieurs caméras sont placées sur les façades pour contrôler les accès. La porte métallique est mise sous scellé, depuis plusieurs jours. Elle fait partie des nombreux biens mis sous scellés dans le cadre de l'affaire des 5 t de cannabis, découvertes dans des conteneurs au port sec de Rouiba, et qui devaient être expédiés en France. Natif de Ouezra, wilaya de Médéa, en 1971, Saïd vivait en France.
Il aurait fait partie d'un gang spécialisé dans le grand banditisme, avant que la cour d'assise de Nantes ne le condamne par contumace, en 2004, à 15 années de réclusion criminelle. Les accusations sont très lourdes : tentative de vol à main armée et séquestration. Une notice de recherche, lancée par la police française en 2004, via Interpol, fait état aussi de son évasion le 6 septembre 2002 du centre pénitentiaire de Lorient-Plœmeur, au Morbihan. Elle le présente comme « un individu très dangereux et armé ». C'est entre 2003 et 2004 que Saïd serait rentré en Algérie, d'abord à Médéa, puis à Boufarik, où il faisait dans le commerce de véhicules avant de s'installer à Lavigerie. Un quartier où il fait connaissance avec la fille d'un inspecteur des impôts de Rouiba. Ses voisins, qui ont accepté de parler de lui sous le couvert de l'anonymat, disent ne pas être surpris de découvrir qu'il est impliqué dans une affaire de drogue. En fait, ils s'étonnent plutôt sur le fait que les autorités n'ont pas réagi à temps. Ils reviennent sur l 'arrivée de Saïd à Mohammadia et sur ses relations avec certains responsables de l'administration locale. Saïd a débarqué, selon eux, en 2004, période où il a connu la fille d'un ex-inspecteur des impôts connu pour sa probité. « Il vendait et achetait des véhicules, avant de se lancer dans l'importation de fruits. » Mais il avait un argent fou à l'époque. Lorsqu'il s'est présenté au père de sa copine pour la demander en mariage, il a accusé un refus catégorique. L'ancien cadre des impôts sentait que les richesses de Saïd n'étaient pas claires. Mais le mariage a quand même eu lieu, et le père de la mariée a vendu sa maison et est parti ailleurs pour ne plus revenir. « La mère, qui est une femme au foyer, a quant à elle acheté une belle villa juste à côté de celle de sa fille. Le niveau de vie de la famille a subitement changé », raconte un des voisins.
Des centaines de millions de dinars pour des équipes de foot
Dans la cité Dahlia, mitoyenne de la maison de Saïd, tous les jeunes le connaissent pour « sa générosité ». Il passe pour un homme très pieux, depuis qu'il a commencé à faire la prière et à ne plus quitter la mosquée Salam, située à proximité de sa villa. « Quel que soit le climat, il fait ses cinq prières dans cette mosquée, qu'il a d'ailleurs aidée, en donnant beaucoup d'argent au point où un des imams a fini par exprimer son doute publiquement quant à l'origine de ses fonds. Son épouse qui était très moderne, a subitement mis le djilbab (tenue noire) et ne circule qu'en véhicule de luxe... », raconte un des voisins. Saïd a également aidé les équipes sportives du quartier, notamment de football, dont les joueurs viennent souvent bénéficier gratuitement des prestations de service du hammam avec sauna, durant les week-end. Il a versé une somme de 6 millions de dinars à un club de foot, et autant à d'autres organisations sportives. « Lorsqu'une villa ou un appartement lui plaît, il n'hésite pas à offrir jusqu'à dix fois le prix réel, pour l'acheter. A Mohammadia seulement, il a déjà acquis plusieurs villas et appartements à la cité Dahlia. Il a même acheté un kiosque à plusieurs millions de dinars. Il a fait flamber l'immobilier dans le quartier au point où le mètre carré se vend à 200 000 DA. Le prix d'un F3 à la cité Dahlia par exemple, a atteint les 13 millions de dinars. Moi-même, il m'a proposé une somme de 600 millions de dinars pour une maison que j'habite et qui vaut au maximum 100 millions de dinars, mais c'est mon père qui a refusé parce qu'il doutait de ses activités », souligne un autre voisin. Il nous présente un jeune qui a travaillé pour Saïd, durant quelque temps comme chauffeur.
Les voyages qu'il faisait à Oran, lui rapportaient jusqu'à 200 000 DA. Par contre pour le transport de poids lourds, le montant varie, dit-il, en précisant qu'il ne l'a jamais fait, de 400 000 et 800 000 DA. « Je faisais plutôt des petites courses. J'ai arrêté de travailler quelques mois avant l'affaire de Rouiba… » dit-il, sans préciser les motifs de cette décision. En fait, sous le sable que transportaient les camions, il y avait du cannabis, affirme un de nos interlocuteurs. La marchandise était acheminée du Maroc jusqu'à la frontière algérienne par un réseau de Marocains. Une fois en Algérie, ce sont des Algériens qui la prennent en charge, jusqu'à Oran, où elle est transbordée dans des camions, bien dissimulée sous le sable. Ces camions sont conduits jusqu'à Alger, où la drogue est une deuxième fois déchargée puis mise dans des conteneurs frigorifiques, en consignation, généralement dans les ports secs, et qui ont servi à l'importation des fruits. Une fois la drogue bien dissimulée, les conteneurs sont réexportés par le port d'Alger, vers Marseille, où un troisième réseau, l'attend pour la prendre en charge.
L'importation de fruits, une couverture
Saïd l'émigré aurait trouvé une bonne couverture pour s'assurer de l'exportation de la drogue. Une société d'importation de fruits. Une fois la marchandise débarquée à Alger, les conteneurs frigorifiques qui doivent être réexportés vides, sont remplis de cannabis. Quelques membres du réseau sont chargés de le dissimuler en le recouvrant avec de la brique montée sur les parois, puis recouvert par du Lookeed, un produit qui neutralise l'odorat des chiens renifleurs. « Cette technique est utilisée pour les douaniers français, qui utilisent beaucoup les chiens renifleurs, ce qui n'est pas le cas pour les douaniers algériens. De plus, il y a eu des cargaisons déjà expédiées sans aucun problème, parce que Saïd l'émigré a pour habitude d'acheter la sécurité de la route. Avec de l'argent, tout peut s'acheter en Algérie et la générosité de Saïd n'avait pas de limite… », explique un de ses proches et voisin. Ce jeune commerçant est au courant de tout ce qui se passe dans le quartier. Il doute de tout le monde. Y compris des services qui mènent l'enquête. « Lorsque les gendarmes sont venus perquisitionner la première fois, nous pensions que la fin de Saïd est arrivée. Mais cela n'a pas été le cas. Le lendemain après la perquisition des gendarmes et la mise sous scellée de la villa, deux véhicules avec quatre hommes sont venus et ouvert les portes avec des clefs. Ils ont fait descendre plusieurs cabas bien remplis et sont repartis. Qui leur a donné les clefs de la maison, si ce n'est pas Saïd ? Tous les voisins les regardaient faire par les fenêtres. Ils s'attendaient à l'apparition des gendarmes les surprenant en flagrant délit et les arrêtent. Mais, rien. Le lendemain, les gendarmes sont revenus sur les lieux et ils ont trouvé les coffres vides. Est-ce normal ? », précise le jeune commerçant. Il s'interroge également sur les investigations, qui, selon lui, « sont loin » de mener vers la vérité. « Saïd l'émigré n'est pas un enfant de chœur. C'est quelqu'un de très intelligent. Ce n'est pas en interrogeant des garçons de café ou des gardiens de parking que des informations sur ses contacts et ses fréquentations peuvent être collectées. Nous avons l'impression que tout est fait de manière à ne pas remonter le réseau qui dépasse largement le quartier de Mohammadia.
Tout le monde mangeait à sa main. Du simple fonctionnaire aux plus hauts cadres de l'administration, en passant par les officiers des services de sécurité. Dans toutes ses maisons, il avait des coffres-forts bien aménagés par des artisans marocains, qu'il ramenait du Maroc. Certains ont été interrogés par les gendarmes, mais est-ce qu'ils vont dire ce qu'ils savent ? Les informations sont ailleurs, et nous savons tous que son organisation n'a pas été touchée. Elle est peut-être déstabilisée mais pas anéantie. Rien ne prouve que demain, il ne va pas revenir et reprendre ses activités… » , dit-il. Les mêmes interrogations et affirmations sont exprimées par de nombreux voisins de Saïd. « Certains voisins l'évitent, parce qu'ils ont peur de lui, même s'il se montre avec un visage d'ange, très pieux, pratiquant, et généreux. Ce qui est malheureux, c'est le fait que les institutions de l'état n'aient pas réagi au moment opportun… », déclare un enseignant, lui aussi voisin de Saïd à la cité Dahlia. Autant d'indices qui montrent que Saïd n'est pas un trafiquant de première catégorie. Son épouse ne semble pas être de cet avis. Elle estime que son mari fait l'objet d'un « complot », et, tant qu'il n'est pas jugé, « il continue à bénéficier de la présomption d'innocence ».


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