La Conférence du désarmement de l'ONU, profitant du nouveau climat instauré par le président américain Barack Obama, est sortie vendredi de 12 ans de léthargie en adoptant pour la 1re fois depuis 1996 un programme de négociations. Tandis que Russes et Américains doivent se retrouver lundi à Genève pour trois jours de pourparlers bilatéraux sur la réduction de leurs arsenaux nucléaires, la Conférence du désarmement a adopté un programme de négociations sur les matières fissiles, l'armement dans l'espace et le désarmement nucléaire. Même Pyongyang s'est rallié au consensus en dépit du regain de tension après l'essai nucléaire nord-coréen de lundi dernier. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki Moon, avait appelé, il y a dix jours à Genève, les 65 Etats membres de la Conférence -dont toutes les puissances nucléaires - à profiter du « nouvel élan » créé par l'ouverture de négociations russo-américaines sur le désarmement nucléaire. La Conférence de désarmement, soumise à la règle de l'unanimité, n'a plus rien produit depuis 1996 et la signature du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICE), en raison de son incapacité à se mettre d'accord sur un programme de travail. L'accord de vendredi a « sauvé » la Conférence du désarmement, a estimé l'ambassadeur d'Algérie, Idriss Jazaïry, qui assure la présidence tournante de ce forum multilatéral. « L'arrivée d'Obama a fait bouger les lignes », a commenté un ambassadeur européen. « Le ralliement des Etats-Unis à un compromis (sur un programme de travail) a permis de vaincre les résistances », a-t-il expliqué. « Nous y sommes presque », avait lancé mardi devant la Conférence le chargé d'affaires américain Garold Larson. Le Pakistan, l'Inde, l'Iran et la Corée du Nord se réfugiaient jusqu'ici derrière l'intransigeance américaine et se sont retrouvés à découvert lorsque Washington a annoncé son ralliement au projet de compromis présenté par l'Algérie, le Vietnam, le Zimbabwe, l'Argentine, l'Australie et l'Autriche. Dès le lendemain du pas en avant américain, l'Irlande, l'Italie, l'Inde, la Bulgarie, l'Irak, le Bélarus et le Mexique annonçaient également leur soutien à ce texte. La proposition, adoptée sans changement, permet d'entamer des conversations sur ce qui est une priorité de Washington : un traité vérifiable interdisant la production de matière fissile.