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« L'Algérie dispose d'une panoplie de textes réglementaires mais qui ne sont pas appliqués » Pr salim nafti. Président de la Société algérienne de pneumophtisiologie
Pensez-vous que l'Algérie soit aujourd'hui bien outillée pour aller vers un monde sans tabac, à l'instar de certains pays qui ont aujourd'hui lancé le défi ? Le tabac est non seulement la cause numéro un de mortalité, mais aussi « la source la plus importante de morbidité, d'invalidité et de décès prématurés » (OMS). Les dégâts occasionnés par l'usage du tabac sont de mieux en mieux connus sur des bases scientifiques expérimentales et épidémiologiques et ce, malgré l'insolence et les mensonges de l'industrie du tabac qui a toujours cherché à nier, puis à minimiser les effets néfastes du tabac. Malgré tout, la pandémie du tabac ne cesse de croître dans les pays en développement qui pourtant sont déjà assaillis par une multitude de problèmes sanitaires (malnutrition, infections,…) et économiques. L'Organisation mondiale de la santé, reconnaissant le tabagisme comme une priorité de santé publique nécessitant des solutions globales, est à l'origine d'un traité international : la Convention cadre de l'OMS pour une lutte antitabac. L'Algérie a ratifié cette convention en 2006 (décret présidentiel 06-120 du 12 mars 2006). Avec cet outil en main, l'Algérie est théoriquement bien outillée pour aller vers un monde sans tabac. Notre pays possède toute une panoplie de textes de loi susceptibles de changer radicalement le tabagisme en Algérie ; encore faut-il que ces lois soient suivies d'application sur le terrain, ce qui n'est toujours pas le cas ! Il est urgent d'harmoniser nos lois avec le contenu de la convention cadre pour remplir l'engagement de notre pays, qui doit rendre compte de son application car le délai de trois ans après la date de ratification est atteint. Pourquoi les dispositions réglementaires algériennes ne sont-elles pas mises en application sur le terrain ? Dans notre pays, grâce à des actions de sensibilisation de longue haleine, l'image du tabac s'est inversée dans la société, malgré le marketing agressif de l'industrie du tabac : fumeur n'est plus la norme si tant est qu'elle l'a été un jour. Et que dire du tabagisme passif ? Dans notre pays, les médias et la société civile sont relativement actifs dans la lutte antitabac. Des dispositions réglementaires algériennes sont nombreuses et touchent tous les domaines : interdiction de fumer dans les lieux publics, les transports, les structures de santé, les établissements scolaires,... mais il est regrettable de constater que ces interdictions ne soient pas respectées. Pire encore, elles sont méconnues et donc non appliquées. Il ne suffit pas de faire des lois, encore faut-il les appliquer. Les modalités d'application ne suivent pas. Un Etat de droit doit être capable de faire respecter et appliquer les lois qu'il promulgue. Personne n'est censé ignorer la loi ! Vous avez déclaré que la meilleure façon de faire baisser la consommation du tabac est qu'il faudrait que les fumeurs payent des amendes. Cela pourrait-il vraiment aider à lutter contre le tabagisme ? Plus de quinze années de sensibilisation, ça suffit ! Les méfaits du tabac sont actuellement connus de tous depuis le cancer du poumon à l'infarctus du myocarde, en passant par les artérites des membres inférieurs ou l'AVC. Toutes les mesures ont été tentées en Algérie pour baisser la consommation du tabac, plusieurs lois interdisant l'usage du tabac, campagnes de sensibilisation en direction du grand public, des jeunes, des fumeurs… Si l'on constate que le taux des ex-fumeurs a doublé en 10 ans et que le pourcentage des fumeurs adultes de sexe masculin est passé de 62% dans les années 80 à moins de 40% en 2005, il est à noter que le nombre de jeunes fumeurs a par contre augmenté aussi bien chez les garçons, mais aussi et surtout chez les filles ! Il faut maintenant passer à un niveau supérieur qui est celui de la répression : payer des amendes. Ces mesures appliquées dans plusieurs pays ont montré leur efficacité sur la consommation tabagique. Pourquoi pas en Algérie ? L'usage de la ceinture de sécurité est actuellement bien respecté en Algérie ! Pourquoi ? Parce que le retrait du permis et les procès guettent ceux qui ne respectent pas cette disposition. Faisons la même chose pour le tabac, je suis persuadé que ces mesures peuvent aider à lutter conte le tabagisme.