Pour le président de cette jeune association, Mohamed Landjerit, l'objectif majeur «est de transmettre cet héritage et éviter les déperditions». Ainsi, pour cet après-midi culturel, c'est une troupe de zorna qui donnera le la pour l'ouverture et qui sera suivie d'un poème sur Miliana. Des interventions se sont enchaînées avec, en premier, celle de Abbas Benyoucef, archéologue et enfant de la ville, qui citera les vestiges et les différentes fouilles effectuées, tout en notant qu'il reste beaucoup à faire au regard du nombre important de ruines romaines, turques et autres. M. Abbas évoquera aussi la fabrique d'armes de l'Emir Abdelkader construite en 1839 et qui fut transformée en moulin à farine par le colonisateur en 1845. Autre intervention, celle de M. Haddouche, secrétaire de l'association, qui évoquera l'architecture des maisons et la technique de chauffage basée surtout sur le bois, des techniques d'éclairage comme les lampes à pétrole et autres. Il rappellera, également, les appellations du mobilier de l'époque 1930-1940, comme le lit qu'on appelait «bounk el qoubba» pour les plus fortunés ou le grand lit en bois qui était fabriqué de telle sorte que les ménagères cachaient leur provisions d'hiver ou y faisaient même coucher les enfants pour ceux qui n'avaient pas beaucoup d'espace. M. Landjerit parlera des traditions du mariage, rappelant que jadis, au temps où les moyens de communication étaient inexistants, on recrutait des femmes dites «sèdna» pour faire passer les invitations à travers les différents quartiers. Le président évoquera la lourde tâche d'être «neqabba», dont la mission était de rapporter le maximum d'informations sur les fêtes, le plus souvent les mariages. Ceux-ci, à Miliana, étaient aussi célébrés par le futur époux qui était accompagné jusqu'au domicile familial par différentes noubas jouées par la zorna. Cela débutait par Noubet el Hammam, puis Noubet El Haffaf, Noubet Sidi Ahmed Benyoucef, puis vient la soirée qui était animée par un groupe de musique chaâbie, ensuite Noubet Khoud maâtak Allah, où sa mère est la dernière à l'accompagner vers son épouse. M. Landjerit, accompagné de MM. Aïssa El Bey et le jeune Billal, interprètent des morceaux du défunt Hadj El Hachemi Guerrouabi, un très grand ami de la ville de Miliana. Un hommage poignant fut ensuite rendu à deux personnalités importantes de la ville, toutes deux très populaires : Hadj Ben Dhib Ahmed, qui pendant longtemps travaillait dans le secteur de la santé, et Hadj Hamed Abd El Ouahab Norreddine qui travaillait dans l'administration de la ville comme la mairie, les contributions. Les deux personnalités sont connues pour leur générosité et leur joie de vivre ainsi que l'amour qui les liait à cette ville qu'ils n'ont quittée que pour mieux revenir. La clôture de la journée a été une apothéose avec la présentation par Sayeh Ahmed et sa troupe de chaâbi, de qacidate sur Sidi Ahmed Benyoucef et les coutumes de la ville. Emouvant, nostalgique pourraient être les mots qui qualifieraient cet après-midi à Miliana.