La culture n'est pas un vain mot à Miliana, pour cette cité qui a été érigée au pied du mont du Zaccar depuis des siècles. En dépit des moments tragiques vécus durant les années 1990, la ville de Sidi Ahmed Benyoucef continue à rayonner à travers son aspect culturel. Aujourd'hui, elle compte 3 troupes musicales andalouses, 6 troupes musicales chaâbi, 6 troupes de zorna, troupes de théâtre et une demi-douzaine de poètes. La notoriété de certains élèves du lycée de cette ville a dépassé les frontières du pays. Cheikh Mohamed Landjerit, sexagénaire, avec l'aide des élus locaux et de certaines associations locales, avait réussi à réunir les anciens élèves du lycée Ferroukhi Mustapha de Miliana (Aïn Defla), pour les plonger dans leurs souvenirs des années 1960 et 1970. Ces moments nostalgiques ont fait venir les « anciens » de Constantine, d'Oran, de Médéa, de Blida, de Cherchell, d'Alger et bien d'autres villes pour vivre une ambiance conviviale et familiale durant 2 heures. Des instants émouvants. Cela s'est passé dans l'après-midi de jeudi dernier dans le superbe théâtre communal de Miliana. Dommage ! Seule la couleur des cheveux du maestro Landjerit Mohamed avait trahi son âge. Son doigté sur sa guitare est demeuré intact. Il débute le spectacle en compagnie d'un groupe de musique moderne, en exécutant des morceaux de musique instrumentale de chansons d'El Hachemi Guerrouabi et Ahmed Wahbi, une manière de rendre hommage aux artistes algériens disparus. Tel un papillon qui butine les roses, Landjerit Mohamed interpréta des morceaux de musique de haute facture d'anciens succès, immortels, qui ont fait évader une assistance composée essentiellement de quinquagénaires et de sexagénaires. Un autre artiste, professeur à l'université et ancien élève du cheikh, étonnera le public par des interprétations de chansons à succès des Beatles, de John Lennon, d'Adamo sous les youyous des mères de famille, anciennes élèves du lycée et des applaudissements des autres. Le Milianais Hamid Benblidia, avec sa guitare, gratifia le public des chansons de Brassens, pour s'éclipser et laisser la place au groupe qui interpréta du Bob Marley, avant que le cheikh ne reprenne les rênes « de ce rêve » et reposer en douceur les nostalgiques sur terre. Des moments magiques caractérisés par des paroles et des gestes simples, qui ont même fait couler des larmes chez certaines personnes qui avaient répondu à l'invitation. Le complice de toujours du cheikh « Kelia », veillait au grain et au protocole à l'entrée de la salle, tandis que l'initiateur de cette idée géniale se trouvait sur scène, pour emballer d'une façon incroyable et inattendue ses anciens élèves. A l'issue du spectacle, les rencontres entre les anciens se sont multipliées, un rendez-vous a été donné pour l'organisation d'une autre manifestation identique, qui pourtant n'a nécessité aucun dinar pour son organisation. Il aura suffi la volonté des uns et des autres pour produire un « cadeau » pareil, qui avait marqué les esprits. Landjerit Mohamed, ancien professeur de sport au lycée, éducateur de grande qualité en dehors de ses heures de travail en sport et musique, a su le faire comme d'habitude.