Il a, pour l'occasion, convié le roi de Jordanie et le premier responsable de la Ligue arabe à la rencontre dont la finalité était «la consolidation» du cessez-le-feu décrété d'une manière unilatérale par Israël samedi soir. Tel Aviv n'a même pas attendu que «la proposition égyptienne» de cessez-le-feu aboutisse à des instruments d'application pour prendre la décision. Premier camouflet. Ehud Olmert, le Premier ministre israélien, à qui il ne reste que quelques jours au pouvoir, a affirmé qu'Israël a décidé du cessez- le-feu à la demande de l'Egypte. Une petite manœuvre pour maintenir cet allié sur les rails. Pourquoi Tel Aviv a-t-il refusé d'accéder à cette «demande» au début des bombardements sur Ghaza ? La chancelière allemande Angela Merkel, le Premier ministre britannique Gordon Brown, le président français Nicolas Sarkozy, le président turc Abdallah Gul, le chef du gouvernement espagnol José Lui Rodriguez Zapatero, le président du Conseil italien Silvio Berlusconi, le Premier ministre tchèque Mirek Topolanek ont tous répondu à l'appel du Caire. La Turquie, empêchée dès le départ par l'Egypte de lancer des initiatives pour arrêter le massacre à Ghaza, a accepté par courtoisie diplomatique. Ce n'est pas le cas des pays européens qui ont défendu les arguments israéliens pour justifier l'attaque sur Ghaza et qui sont intéressés par «la reconstruction» de cette ville, ce qui implique des contrats juteux pouvant ressembler à des bouffées d'oxygène au moment où la crise économique accentue la récession. Avant même de quitter Charm El Cheikh, le Premier ministre britannique a annoncé «un nouveau plan de sauvetage des banques» destiné à soutenir les prêts ! Le but du Président français est plus politique. Le raïs égyptien et lui sont les deux co-présidents de l'Union pour la Méditerranée (UPM). Ce n'est pas par hasard qu'ils ont tous les deux présidé la réunion de Charm El Cheikh. C'est une manière de relancer ce projet de l'UPM mis au frigo ces dernières semaines, surtout que des voix s'élèvent dans les pays arabes pour se retirer de cette union à cause de la présence israélienne. «Si le Hamas cessait les tirs de roquettes, Israël devait quitter Ghaza», a déclaré Nicolas Sarkozy. C'est également le point de vue de Tel Aviv. Sarkozy et les autres dirigeants européens ont tous dîné hier soir avec Ehud Olmert. Angela Merkel, qui n'a rien dit sur le drame de Ghaza, a plaidé pour «une trêve longue durée» avec le Hamas. C'est la position des responsables israéliens. Le président de l'Autorité palestinienne, qui a boudé le sommet de Doha sur Ghaza, a assisté à la rencontre d'hier et a appelé à la tenue d'un congrès pour «l'unité palestinienne». C'est ce que pense aussi Ban Ki-moon. «J'encourage le président Abbas à organiser un dialogue politique global pour une réconciliation nationale», a déclaré le SG de l'ONU, visiblement informé du cessez-le-feu israélien bien avant l'annonce, d'où sa visite vingt jours après le début de l'agression israélienne à Ghaza. Mahmoud Abbas n'a pas dit grand-chose pour lutter contre «la contrebande des armes» entre l'Egypte et la bande de Ghaza. Cette question avait fait l'objet d'un accord signé à Washington par les ministres des Affaires étrangères des Etats-Unis et d'Israël. Ces deux pays n'ont pas informé l'Egypte. C'est là le deuxième camouflet pour la diplomatie égyptienne. Hosni Moubarek a déclaré que la présence de forces étrangères sur le sol égyptien est «une ligne rouge à ne pas dépasser». L'accord israélo-américain prévoit justement la présence de ces forces et l'implication de l'Alliance Atlantique-Nord (OTAN) dans toute la région. L'Egyptien Amr Moussa s'est aligné sur les propositions de Hosni Moubarak et a demandé l'établissement d'un agenda pour «le retrait des troupes israéliennes de Ghaza, l'ouverture de tous les points de passage et la levée du blocus». Demandes qui n'avaient pas été exprimées au début par Le Caire. Entre-temps, le passage de Rafah est toujours fermé par les autorités égyptiennes, sauf pour des aides humanitaires filtrées au compte-goutte. Alors que plusieurs pays arabes ont décidé, à Doha, de «suspendre» l'initiative de paix de Beyrouth de 2002, Ban Ki-moon a plaidé pour «redonner vie à l'initiative de paix». «Les dirigeants arabes doivent s'unir pour imposer la paix et la stabilité au Moyen-Orient», a-t-il dit. Mis à part le Front populaire, les factions palestiniennes, Hamas compris, ont décrété hier un cessez-le-feu d'une semaine. Délai suffisant, selon elles, pour le retrait des troupes israéliennes de Ghaza. Ces factions, qui ont critiqué la rencontre de Charm El Cheikh, soutiennent les décisions prises au sommet de Doha auquel ont participé, entre autres, l'Algérie, la Syrie, le Liban et le Soudan.