Au premier jour du cessez-le-feu annoncé unilatéralement par Israël, et celui d'une semaine, par Abou Merzouk, membre du bureau de Hamas au nom de toutes les factions palestiniennes de Ghaza «afin d'ouvrir les points de passage et de laisser entrer les aides humanitaires», les Ghazaouis enterraient leurs morts. Une centaine de corps ont été découverts sous des décombres et les recherchent se poursuivent. Face à une situation chaotique à Ghaza, la résistance palestinienne a décidé d'observer une trêve, mais pas seulement. Elle s'est dit également prête «à répondre à tous les efforts égyptiens, turcs, syriens et arabes, qui permettent un accord pour le retrait total des forces israéliennes et l'ouverture totale des points de passage» de Ghaza. Mais le Front populaire pour la libération de la Palestine, quelques heures après cette annonce, a fait état de son rejet du cessez-le-feu. Du côté de l'Autorité palestinienne, on insiste sur la présence d'une force internationale. De l'autre côté des frontières, à El Qods, le cessez-le-feu est qualifié de «fragile», et «doit être constamment réévalué», par le Premier ministre israélien Ehud Olmert. Son ministre des Infrastructures et membre du cabinet de sécurité a estimé qu'«il y aura sans doute quelques incidents isolés». Effectivement, des affrontements sporadiques ont éclaté dans la matinée d'hier entre des combattants palestiniens et l'armée israélienne quelques heures après l'entrée en vigueur du cessez-le feu unilatéral, et sept roquettes ont été tirées sur le sud d'Israël entraînant une riposte de l'aviation. Une petite fille de huit ans et un jeune homme ont été tués alors que cinq autres ont été blessés par l'armée israélienne. Sur le plan de la diplomatie, après son discours samedi dernier où il a appelé, tardivement, l'armée israélienne à cesser son agression contre la bande de Ghaza -alors qu'Israël a prévu ce timing bien avant le 27 décembre dernier- Hosni Moubarak a convoqué hier un sommet à Charm Echeikh pour «consolider le cessez-le-feu» en mettant «fin à la contrebande des armes» ! Une manière encore d'accuser les roquettes du Hamas d'avoir provoqué l'extermination de la population de Ghaza. Soulignons à ce sujet que le président égyptien, qui a refusé de se rendre à Doha, prétextant la tenue proche d'un sommet économique à Koweït, a présidé une réunion à la veille de l'ouverture de dernier. Il n'est pas inutile de souligner également qu'Israël a choisi la période de transition entre George W. Bush, le président sortant auprès duquel il disposait d'une carte blanche, et le nouveau président élu Barack Obama, pour accomplir son «Plomb durci». A ce titre, les bombardements devaient cesser avant demain, 20 janvier, date de l'investiture du 44e président des Etats-Unis. Les politiques arabes, –normalement- plus avisés que les populations qui ne cessent de dénoncer le génocide commis par l'armée israélienne, ne semblent pas prêter attention à la coïncidence du calendrier et tiennent normalement leurs sommets. Mahmoud Abbas, qui a «subi des pressions» pour ne pas se rendre à Doha, a, depuis l'Egypte, jugé «insuffisant» le cessez-le-feu : «Il faut un retrait israélien complet de Ghaza et une réouverture des points de passage pour permettre l'arrivée de l'aide destinée au peuple palestinien de Ghaza.» Il s'agit là de la même exigence formulée par Bachar El Assad, le président syrien, lors de son intervention à Doha. Il avait même affirmé que l'initiative de paix arabe avec Israël lancée en 2002 «a été tuée par Israël et on doit la considérer comme morte». Un message qu'il adressait aux régimes arabes afin de reconsidérer leurs relations avec Israël. Mais ce n'est point les Arabes qui vont réagir mais le représentant du quartette pour le Proche-Orient, Tony Blair. «L'initiative arabe de paix n'est pas morte à moins qu'on la tue nous-mêmes», a-t-il déclaré à Riyad, après une rencontre, samedi dernier, avec le roi Abdallah d'Arabie saoudite, acteur majeur de cette initiative qui a brillé également par son absence à Doha. Après 22 jours de combats qui ont fait plus 1 300 morts parmi les Palestiniens, dont près de 500 enfants, et quelque 5 300 blessés, Israël tourne le dos à Ghaza, le temps d'une rude bataille électorale. L'opposition de droite a déjà ouvert les hostilités en présentant comme un «échec» le cessez-le-feu décrété par le gouvernement sortant d'Ehud Olmert. H. Y.